#1314

Bordeaux, II

Ville excessivement minérale, parce que derrière les « échoppes » (demeures traditionnelles) s’alignent des jardins, que ne trahit que le sommet hirsute d’un palmier, de temps à autre.

À Bordeaux, la rue Dieu est une impasse, et à l’ampleur lumineuse des quais courent parallèles de sombres coupe-gorges.

Ville tavelée: dans les grandes rues se succèdent les façades toutes de blond rendu, celles qui déjà se fanent dans un gris terne, et celles enfin que l’on n’a pas (encore) tenté de rajeunir, qui conservent le même maquillage de suie que du temps de mes années étudiantes.

Les toits pour leur part jouent une gamme du rose tendre au noir charbonneux, sur le dos rond des tuiles, alignées en vaguelettes.

Le soleil d’orage fait luir les vieux os de la cité. Le gratte-semelle qui arrondit son cerceau au bas des deux-trois marches de chaque perron. La fente verticale de la boîte aux lettres, sur le côté de la porte, cernée de marbre sombre. Les murs jamais repeints arborant encore les fantômes d’enseignes commerciales. Les lampes en cuivre qui se balancent au-dessus des chaussées pavées.


4 réflexions sur « #1314 »

  1. Je m’en veux d’abonder dans le sens de Juppé, mais il faut reconnaître que la minéralité de la ville commence à reculer un peu. Les nouveaux trottoirs, les quais et leur jardin, tout le trajet du métro, voient l’arrivée de la végétation. Bon, les quartiers excentrés d’échoppes y échappent encore, mais y a du progrès.

  2. oui, mais: vraiment « un peu ». genre, ils ont coupé tous les arbres de la place Pey-Berland, minéralisant de ce fait plus encore le coeur de la ville. mais il est vrai que la plantation des quais adoucit grandement cet espace-là, et en beauté.

  3. Euh… non: il ont coupé quelques arbres place Pey-Berland, genre deux ou trois, sur le bord dans le prolongement de la rue Duffour-Dubergier. Tous les autres sont encore là (sauf deux qui vont être abattus, pour cause d’une maladie, mais qui devraient être remplacés ensuite). Certes, le reste de l’esplanade est totalement pavé, mais l’effet minéral vient de là, pas d’une déperdition massive d’arbres. C’était pas la grande forêt sauvage non plus, avant! :-))

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