#1938

Entre deux tranches de maquette, je trouve encore le temps de lire, mais pas de manière aisée: le soir souvent je suis un peu trop fatigué, et j’opte plutôt pour un épisode de Skins ou de Bones, un téléfilm sur Boy George ou un documentaire sur les saisons en Angleterre… (si, si) Néanmoins, le matin par exemple, je lis: Le Fond du ciel de Rodrigo Fresan — ooh, pour une fois un auteur archi actuel et branchouille, genre les lectures de l’ami Colin. Un peu verbeux, ce roman, le narrateur se regarde écrire, ça fait partie du jeu de cette fiction. Mais sinon, que d’étincelles! Un roman sur la science-fiction. On sent que Fresan a lu le Kavalier & Klay de Chabon et a voulu faire pareil, mais cette fois avec des auteurs de SF. And for something completely different: la deuxième autobio de Stephen Fry, The Fry Chronicles. Où il aborde enfin ce qui nous intéresse vraiment: ses années d’études à Cambridge, ses débuts d’acteur, tout ça. Drôle, brillant, fin, touchant: Fry, quoi. Je me surprends à éclater de rire à une anecdote ou une tournure de phrase. Et je l’ai tellement entendu qu’en le lisant, j’entends sa voix. Révélation périphérique, au passage: Sherlock Holmes était forcément un homme de Cambridge. Il faut que j’ajoute cela dans notre bio du grand détective, Fry m’a donné les arguments pour enfin trancher entre le bleu sombre et le bleu clair.

#1937

Un brin harassé de boulot. That’s this time of the year. En attendant, voici ma prochaine nouveauté. Chez la Clef d’Argent. Huit nouvelles fantastiques, dont je viens de relire les épreuves avec un peu de nostalgie, car elles ne sont pas toutes neuves (trois inédites et le reste paru en revues et anthos au fil des ans) et représentent beaucoup de choses, pour moi. Vraiment beaucoup. L’une avait été nominée à un prix Rosny aîné, souvenir ému. Belle couv de monsieur Sébastien Hayez.

#1936

Maquettes, maquettes, maquettes. Je ne fais plus que de la mise en pages, ces temps-ci. Et lectures? Sur l’eau de Maupassant, Le Voleur de Georges Darien, André Derain de Pierre Cabanes. Une grue immense, géante, s’élève devant mes fenêtres. Le bruit des travaux a cependant nettement décru.

#1935

On croirait que Maupassant parle du sieur de Nagy-Bocsa :

Il faut vraiment être bien résolu à la suprême indifférence pour ne pas pleurer de chagrin, de dégoût et de honte quand on entend l’homme parler. L’homme, l’homme ordinaire, riche, connu, estimé, respecté, considéré, content de lui, il ne sait rien, ne comprend rien et parle de l’intelligence avec un orgueil désolant.

(Guy de Maupassant, Sur l’eau)

#1934

Savoir c’est une drôle de chose. C’est comme un courant électrique qui part du dehors et qui cherche à entrer au-dedans, et ça fait vibrer les nerfs et ça creuse un vide dans le cerveau. […] Aimer c’est aussi une drôle de chose, c’est un peu comme savoir, un courant électrique qui va du dehors vers le dedans, et qui fait bouger toutes les particules mobiles qu’il y a à l’intérieur du corps. Peut-être qu’au fond c’est la même chose aimer et savoir.

[J.M.G. Le Clézio, Voyages de l’autre côté]