#1947

On croirait que c’est fait rien que pour moi: un bout de Londres qui vient a Lyon. Expo d’affiches des transports anglais (métro et compagnies ferroviaires), au musée de l’imprimerie. Des documents de toute beauté, et en nombre: un grand pied anglophilo-esthétique. Et tout cela est d’un british absolu: songez qu’ils faisaient des affiches pour annoncer la floraison des asters ou des jacinthes, et que l’une est l’œuvre de la dame qui illustra ensuite la pochette de « Selling England By The Pond » de Genesis…

#1946

Bel anniversaire, merci Olivier. Hier soir, je fus invité au concert privé de Marillion organisé par le fan-club français, dans la banlieue lyonnaise. Enfin, pas tout à fait Marillion: Los Trios Marillos, la formation en trio — d’où des versions différentes, réarrangées, un bonne part d’improvisation, en tout cas une fraîcheur réjouissante. Bonheur complet, et cette voix, oh cette voix!

#1945

Fin de cette période de boulot-maquettes-débordé-urgent. Ouf, je respire de nouveau, et ai pris pour la peine deux journées de repos. Du coup, boulimie de lecture — Death Most Definite de Trent Jamieson, du néo-pulp comme Orbit en a le secret (une Autralie où la Mort est gérée par une société privée), et commencé Ghosts of Manhattan de George Mann, également néo-pulpeux en diable puisque c’est une histoire à la Shadow. Et puis sinon, plein de bédés. je n’en parle pas spécialement ici, mais en fait je suis resté gravement accro aux bédés depuis que, dans une existence précédente, j’ai été vendeur en librairie.

Je viens donc de dévorer la grosse reliure du Attila de Derib et Cie (chez Dupuis Patrimoine, une collection de plus en plus belle, où j’ai également apprécié les deux volumes de Jerry Spring dans un noir et blanc absolument somptueux, et dont je me demande bien quelles autres perles de l’école de Charleroi ils vont bien nous proposer l’an prochain). Je n’avais jamais relu les Attila depuis mon adolescence, les ai retrouvés avec plaisir. Goût d’inachevé comme le dit l’excellente préface, d’autant que le quatrième volume est bâclé — dessin relâché, décors inexistants, scénario mal fichu… Dommage, mais le reste constitue tout de même un apport sympathique au corpus de la bédé à la Dupuis, tout aussi réjouissant que les Tif & Tondu du même Rosy.

Lu ensuite, fort différente, l’intégrale de la Brigade chimérique. J’avais lu les quatre premiers puis, n’ayant pas trouvé le cinquième (les bédés de l’Atalante ne sont pas idéalement distribuées), j’ai finalement attendu la parution du sixième et dernier tome pour tout relire d’un bloc. Et c’est remarquable, à la fois prenant et touchant, une exploration du mythe super-héroïque dans son versant européen — délice de croiser non seulement tous ces héros de la littérature populaire, mais aussi Breton, Daumal, Kafka, Maurice Renard ou Régis Messac… Avec un matériau a priori assez « pointu », Serge Lehman et Fabrice Colin, sur des dessins de Gess (d’une qualité irrégulière mais néanmoins intéressants), parviennent à captiver tout autant qu’Alan Moore dans sa Ligue des Gentlemen Extraordinaires — et avec plus de force, je trouve, car si Moore demeure toujours primesautier et finalement assez potache, Lehman et Colin tiennent un propos sérieux, profond, qui touche au pouvoir des mythes et à l’imaginaire collectif. La fin est rien moins que magistrale, dans son retournement de paradigme. Tout ceci est dans un esprit cousin de celui de la Bibliothèque rouge et d’une antho que je viens de mettre en route avec mon complice le professeur Mauméjean, cela ne peut donc que m’enchanter, faire pétiller mes neurones.