#1944

Longtemps, j’ai eu comme fort agréable tradition d’aller à la Braderie de Lille, chaque début septembre, pour chiner de par les rues de la capitale nordique. Je faisais cela avec plein de copains, et je me faisais souvent — gentiment — moquer de moi parce que je cherchais notamment des Mickey Parade (les vieux avec du Carpa et du Bottaro) et… des Fantômette, dans leur édition cartonnée à la Bibliothèque rose (pas les souples, fi donc). Et mine de rien j’ai constitué ainsi presque toute la collection des exploits de la justicière de Framboisy.

Ce matin, au courrier: mon idole d’enfance qui m’écrit! Une lettre de Georges Chaulet lui-même, s’enquérant de la disponibilité du Dico des héros. Georges Chaulet, l’auteur de Fantômette. Sapristi! Je crois que je vais encadrer cette lettre. (Et je lui ai offert l’ouvrage, eh, tout de même: justement j’y dis énormément de bien de son héroïne)

#1943

Oh, j’aime lorsque le ciel est tout rose ainsi, comme si l’on avait appliqué un filtre photoshop sur la grisaille des nuages… Ou bien suis-je trop influencé par mon travail récent? Je viens de terminer la mise en page de Géographie de Sherlock Holmes, un grand bouquin tout en couleur, 128 pages, même format que le Miyazaki que les Moutons électriques viennent de sortir, mais en relié toilé sous jaquette, la classe.

Première fois que je m’occupais d’un ouvrage quadri, avec 2/3 d’images. Fort heureusement la base graphique établie par Sébastien Hayez était excellente: à la fois belle et très bien conçue, très pratique. Mais la première semaine j’ai vraiment avancé très très lentement, ç’en était étonnant, je peinais à faire entre huit et dix pages par jour… Et puis le mouvement est venu, j’ai commencé à savoir faire — enfin, je crois: l’animal est maintenant entre les mains expertes de Seb Hayez, et sera ensuite soumis à l’approbation générale… En tout cas, ce fut un boulot fascinant et excitant, à la fois un vrai travail d’esthétique et une plongée dans cette fiction que j’aime tant, par le biais d’une ville, Londres, dont plein de lieux font jouer chez moi des souvenirs.

Les textes de cet ouvrage sont par Xavier Mauméjean et moi-même (les complices habituels, quoi), l’objet de nos choix étant une exploration alphabétique des lieux du grand détective. Comme une psycho-géographie de Sherlock Holmes. C’est pour sortir en janvier. Et la couv de Seb Hayez, toujours lui, reçue ce matin, m’épate complètement — dès qu’elle sera tout à fait terminée je vous montrerai ça. Les photos sont de plusieurs sources: il y a tout d’abord une quantité phénoménale de clichés d’époque fournis par mes amis nordiques Christine et Fabrice (que je ne remercierai jamais assez!); il y a des photos provenant d’ouvrages en ma possession (maintenant un peu fatigués, après les passages de scanner), datant de 1906, 1913, 1930 et 1950; il y en a quelques autres qu’Isabelle et moi-même prîmes spécialement lors de notre dernier séjour à Londres; et puis, outre des gravures et autres documents, il y a des objets issus de la collection du professeur Xavier, précieux et étonnants.

#1942

Oh chic, jolie surprise à l’instant: le facteur des colis m’a apporté mes exemplaires de Quête dans le Monde noir, mon nouveau bouquin pour la jeunesse, le troisième album que je co-écris avec Fabrice Colin. C’est chez Deux coqs d’or. Les autres fois on n’avait récupéré des exemplaires d’auteur qu’après sortie de justesse ou en retard en librairie, donc recevoir celui-ci si tôt est une plaisante surprise — qui s’explique sans doute par le fait que, ce coup-ci, l’imprimeur est en Italie, pas en Chine. En tout cas, ça fait un sacrément gros et grand pavé, et le travail de mise en page est comme toujours assez imaginatif. Illustrations par Arnaud Cremet, Vincent Dutrait, Miguel Coimbra, Nicolas Fructus et Mathieu Leyssenne pour les reprises, et par Godo et Amandine Labarre pour les nouvelles. Il s’agit d’un « livre dont tu es le héros », avec en prime des énigmes à résoudre. Le tout constituant une aventure dans le Monde noir, le continent où tous les monstres et merveilles de notre imaginaire existent pour de vrai. Le lecteur-héros doit se lancer à la recherche de William Carnacki, pour pouvoir regagner notre réalité. Outre que l’on visite quelques contrées magiques non abordées dans l’album précédent, nous nous sommes aussi amusés à glisser un petit aspect steampunk.

#1940

De temps en temps, il me faut me reposer. Le marathon de maquette sur les deux livres à crocs (Vampires! et Bit-lit!, parution novembre chez les Moutons électriques) étant plus ou moins terminé et les problèmes de planning des réimpressions étant résolus, je me suis donc autorisé un week-end de repos.

Durant lequel j’ai non seulement profité du silence pour dormir (car hélas la semaine est désormais fort bruyante, du fait des travaux voisins), mais aussi pour regarder pas mal d’épisodes de Bones — cette série me plaît en définitive beaucoup ; c’est avec Castle un intéressant courant de polar américain à la fois noir et humoristique, on y retrouve finalement un esprit à la Magnum, et ce jusqu’à un véritable fantôme dans un épisode — et pour continuer à lire la toujours amusante Gail Carriger (Blameless, troisième tome de la série Alexia Tarabotti). Si amusante en fait que je me demande si cette autrice mystérieuse (le copyright n’est pas à Gail Carriger mais à Tofa Borregaard, patronyme surprenant s’il en est) ne serait pas un pseudo de Barbara Hambly. En tout cas, l’esprit et le style sont identiques, et je ne peux que m’en réjouir.

Travaux disais-je: ceux-ci transforment hélas assez considérablement mon environnement. Je pense qu’une fois achevés, les nouveaux bâtiments ne seront pas bien hauts donc pas plus gênants que ce qu’il y avait avant, mais en attendant, quelle plaie. Le bruit, les chocs, les cris, la poussière… Et l’autre week-end, une lumière clignotante oubliée tout en haut de la grue géante qui dresse sa carcasse orange devant mes fenêtres. En pleine nuit, je fus réveillé, non par ce phare intermittent, mais parce que dans le salon la petite chatte noire jouait ardemment avec le reflet de cette lumière sur le parquet. Hier, l’irruption des travaux dans mon quotidien fut nettement plus agréable: comme il y avait beaucoup de vent, le drapeau fiché au sommet de la grue claquait avec force. Cette rumeur m’a fait penser à celle du bord de mer, ce qui n’était pas déplaisant.