#2001

Faut-il être maso, pour être écrivain? J’ai tendance à le croire, à voir le régime que je m’inflige en ce moment. J’ai en effet la tête dans trois bouquins à la fois (mon nouveau polar jeunesse, la trad du petit essai sur la psychogéographie et ma bio d’Arsène Lupin à refaire), c’est presque trop j’avoue… Et en même temps, j’y prends bien entendu un grand plaisir. C’est ça, être maso.

Je ressens une véritable excitation intellectuelle à traduire Psychogéographie! de Merlin Coverley — le domaine me passionne, je le pratique régulièrement, je lis en ce moment des bouquins dans le sujet, je vais prolonger le travail de Coverley pour l’adapter à la France… et pourtant, je n’aime guère, d’ordinaire, faire de la traduction. De même, écrire un autre polar jeunesse est un vrai plaisir, mais je retrouve cette sorte de « brûlure » que représente pour moi l’écriture de fiction, cet effort constant, cette tension que récompensent les petites épiphanies d’une trouvaille qui glisse, soudain, par la bouche d’un protagoniste… Et puis je lis des tonnes de trucs pour le Lupin, je prends une quantité de notes presque effrayante…

Hum, si avec tout ça je dormais bien, ça serait chouette. Mais non, insomnies et Cie, ça c’est pénible — et sur-fatiguant.

#2000

Ma foi il y a une éternité que je n’ai pas posté une « pelote de liens »… Alors, quelques petites choses qui m’ont intéressé ces mois derniers :

– Un passionnant papier sur la mort des héros de fiction, « Tangible Reality of Absence: Fan Communities and the Mourning of Fictional Characters » par Racheline Maltese. Outre qu’elle y examine la figure de Sherlock Holmes, l’auteur d’un tel article ne pouvait que passionner l’éditeur de la Bibliothèque rouge, n’est-ce pas? Et je ne connaissais pas, d’ailleurs, le terme de défictionnalisation pour décrire ce processus de « en fait le personnage est réel ».

– J’ai trouvé ce lien sur le blogue d’une écrivain que j’aime énormément et avec laquelle je suis plutôt fier d’être ami : Ellen Kushner. Elle sera au prochain festival d’Épinal, c’est chouette.

– Et tant que je suis, je dois évoquer aussi le blogue de sa compagne (well, de son épouse, puisqu’elles sont mariées), une autre excellente écrivain de merveilleux : Delia Sherman.

– La première fois que j’ai croisé Patrick Marcel, c’était pour une dédicace de l’album de bédé qu’il avait co-signé avec Jean-Daniel Brèque, Le Cinquième coin du monde. Nous étions au début des années 1980 et ça se déroulait dans une étroite librairie de SF dans le vieux quartier de Bordeaux, le quartier Saint-Pierre — la librairie se nommait « Futur au présent » et il y a belle lurette qu’elle a fermé ses portes. Bref (ah bon sang, il y a trop longtemps que je ne suis pas allé à Bordeaux). De nos jours, aussi bien Brèque que Marcel sont renommés comme traducteurs, mais dans leurs jeunes années ils dessinaient, eh oui. Jean-Daniel a assez vite abandonné cette activité, et au fil des ans Patrick a de moins en moins dessiné lui aussi… Mais voici que, joie, bonheur, il vient de s’y remettre ! J’ai toujours été grand fan de ses bédés (au point de publier une fois un recueil à tirage très très limité) et suis donc heureux de découvrir l’avancée de ses travaux sur le site Parallias.

– Et puis Patrick est également un excellent essayiste — son Cthulhu en Bibliothèque rouge le prouve amplement, par exemple. Et son blogue Mane, Thecel, Phares… recèle quantité d’articles aussi inédits que passionnants pour les amateurs de « pop culture ».

– Qu’est-ce que je voulais vous dire d’autre? Ah oui: j’ai accepté pour les Moutons électriques le premier roman d’un nouvel auteur (et non, je n’ai pas perdu la raison: attendez un peu de lire Wastburg !), Cédric Ferrand. L’animal s’avère aussi un chroniqueur prolifique, sur le blogue Hugin & Munin (du nom des corbeaux d’Odin).

#1999

Une longue marche en ville, en dépit du vent froid et du ciel gris. Curieux comme les idées s’organisent au rythme de la marche, sans forcer. Les pensées s’harmonisent. Passé par un quartier nouveau, assez beau. Lyon change beaucoup, et vite, très vite. Remonté finalement la grande rue de la Guillotière, une fois de plus, délicieux collage d’architectures et de populations. Croisé un garçon qui portait un haut-de-forme. Ça lui allait bien. Aidé un handicapé à retirer de l’argent à un distributeur — miracle de la technologie, pas de code mais l’empreinte de son doigt comme identification. Des vagues courtes et rapprochées sur le Rhône. Une mouette criant au-dessus du pont. Je n’ai pas traversé. Je suis passé dans une boutique indienne, où une fois Patrice m’avait assuré avoir vu du surgelé de poisson volant. Ils n’avaient cette fois que des poissons bêtement aquatiques.