#2072

Arsène Lupin, une vie – work in progress.

(…) Existences mondaines, grandes réceptions, spectacles, ces messieurs sont en habit noir et plastron blanc, tandis que l’astucieux Poiret a libéré ces dames. On reçoit notamment « le prince Sernine, un des membres les plus brillants de la colonie russe à Paris », qui vit dans « un rez-de-chaussée, au coin du boulevard Haussmann et de la rue de Courcelles » . Il est vrai que Serge de Diaghilev a mis les Russes à la mode.
L’identité a changé, pas le style de vie : devenu russe plutôt que périgourdin, Lupin n’en poursuit pas moins la vie en dichotomie de l’époque d’Avenac : le nom du prince Sernine revient à chaque instant dans les « Déplacements et Villégiatures » des revues, tandis que le rugueux et jaunâtre Lenormand mène la Sûreté à la baguette.
Question d’identité, encore : Paul Sernine, le prince russe, et Serge Rénine, le prince français, habitaient-ils à la même adresse ? (Hortense Daniel écrit à Rénine « boulevard Haussmann ») On est en droit de se demander si Leblanc n’a pas forgé ce nom de Rénine seulement pour conter les Huit coups de l’horloge — puisque Lupin eut la facétie de ne pas s’attribuer ces aventures-là. Lupin ne se présentait-il pas tout simplement à Hortense Daniel sous le nom de Sernine ? Enfin qu’importe, dans tous ces patronymes l’on s’y perd, et c’est bien ce que voulait Lupin. Lui-même à l’époque semblait vouloir se perdre, se noyer dans ses nouvelles peaux, pour mieux laisser derrière lui la douleur de la mort de Raymonde. (…)