#2108

Spécial Toussaint: des photos de cimetières. J’aime beaucoup faire du tourisme de cimetière. Alors: la tombe d’une fameuse crapule, à Belleville (Brasillach). Deux vues des murailles vertes de Forcalquier. Bénouville, où doit reposer la première épouse d’Arsène Lupin (Normandie). La tombe du caricaturiste victorien George Cruikshank, à Kensal Green (Londres). Et une lanterne à Josselin (Bretagne). Les photos ne sont assurément pas très bonnes, ceci dit, donc je ne les met qu’en petit.

#2107

Lors de la mort de Raymond Macherot, un communiqué des éditions Dupuis et Lombard (qui de nos jours appartiennent toutes deux aux éditions Dargaud, merveille de la concentration) avait annoncé qu’ils préparaient une intégrale. Enfin, s’étaient dit les fans, qui se désolaient depuis si longtemps que seuls les Clifton soient régulièrement réédités, sans trace de Sibylline ni de Chlorophylle. Et puis plus rien. Alors que la collection Dupuis « Patrimoine » commençait à imposer un haut standard de présentation et que Le Lombard suivait plus discrètement, toujours pas de Macherot…

Hier Sibylline intégrale tome 1 est sorti… chez Casterman. Pourquoi chez Casterman? Mystère. Et hélas cette intégrale n’égale pas le niveau de qualité des « Patrimoine » de chez Dupuis: papier trop blanc et trop brillant (celui qu’utilisent les « Patrimoine » est crème et dégage en sus une délicieuse odeur d’encre), absence de reproduction des couvertures, pas de documents issus de Spirou (et pour cause, ne s’agissant pas du bon éditeur), format un peu plus petit, couverture sans charme, et d’emblée une étrange erreur historique (pourquoi reprendre ici une courte histoire du journal Tintin, visiblement une première mouture de Chlorophylle et non de Sibylline?). Enfin, malgré tout j’ai été acheter cet opus tant attendu, chez un petit libraire spécialisé. Car j’aime, que dis-je: j’adore Macherot, et retrouver enfin tous les Sibylline constitue une joie. On nous annonce 5 tomes, espérons qu’ils sortiront: ce premier fut retardé et repoussé plusieurs fois, déjà, de même que le deuxième. Et espérons qu’il s’agira bien d’une intégrale, car une bonne quantité des histoires de Sibylline n’a jamais été reprise dans les anciens albums Dupuis. En attendant, je me régale. Avec l’intégrale des Picsou-Donald de Don Rosa chez Boom Comics (VO) et de ceux de Carl Barks chez Glénat (VF), je m’estime vraiment gâté en ce moment, niveau bédé animalière — mes univers favoris. Mais, et Chlorophylle, alors?

#2105

Eh bien, je suis donc de retour de mon périple d’une quinzaine de jours par monts et par vaux. Séminaire, visites amicales, visites touristiques (Forcalquier, Josselin), rendez-vous divers. Provence, Paris, Bretagne. Expo Sempé à l’Hôtel de ville de Paris (gratuite, c’est mieux pour les frais) et expo de la collection Stein au Grand Palais (quelques très beaux Matisse et un renversant Picabia). Retour avec deux bonnes nouvelles: je vais écrire un nouvel album pour Hachette Jeunesse avec Fabrice Colin, et Mango accepte mon deuxième polar jeunesse sans retouches particulières, Les Trois cœurs. La photo ci-dessous est celle du père de Léon Groc, qui tenait une librairie espérantiste à Paris.

#2104

Hier matin je suis allé rendre visite à madame Monique Groc Chateau. Cette vieille dame vive et intellectuellement alerte est la dernière enfant vivante de l’écrivain populaire Léon Groc, dont j’ai publié dans ma collection la Bibliothèque voltaïque un gros recueil de trois romans. Madame Groc Chateau avait exprimé sa joie à cette réédition et suggéré que je passe prendre chez elle un café, à l’occasion. Ce fut donc chose faite, au premier étage d’un bel immeuble Art Nouveau typiquement parisien. Je note ici quelques détails de cette délicieuse visite, afin de n’en pas trop oublier.

L’amour des livres règne sur cet appartement tout en enfilade, rendu plus étroit encore par les bibliothèques qui couvrent tous les murs, sans parler de certaines piles ici ou là. Le couloir en est même devenu un boyau où l’on passerait presque de profil. Tout cet univers de vieux papier baigne dans une lumière parcimonieuse, les fenêtres peu nombreuses et les lampes pas toutes allumées laissant une sorte de sépia couler sur chaque chose un ton du passé. Assis dans le petit bureau au bout du long couloir, nous parlâmes de chats (sous le regard joueur de deux tigrés, Mure et Mischka), de thés et de sa famille. Son père bien sûr, qui eut trois femmes: la première tôt décédée, la deuxième qui éleva les deux enfants de la première et était la maman de mon interlocutrice, et que Groc quitta après une trentaine d’années de vie conjugale pour s’enfuir avec la bien plus jeune Jacqueline Zorn. Léon Groc était le dixième enfant d’une famille de douze (les deux derniers étaient des jumeaux) et son père tenait à Paris une librairie espérantiste (j’ai une belle photo de 1916 qu’il me faut scanner). Madame Chateau me montra son stylo favori, un stylo fontaine que des groupies s’étaient un jour cotisée pour lui offrir. Elle me montra aussi une vieille édition de la Révolte des pierres que son père lui avait dédicacée.

Famille encore, notamment le défunt époux de cette formidable dame de 89 ans (elle en fait 70 ans, dirai-je), Gilbert Chateau, journaliste à la rédaction parisienne du Progrès et critique de théâtre. Comme il avait fait un article sur eux, il reçut et fut reçu chez les joyeux drilles belges alors en tournée de signature: des dessins originaux de Peyo, de Tibet et de Franquin (un grand marsu tout en long) sont au mur, ainsi qu’un crayonné d’Alain Saint-Ogan, tandis qu’un Uderzo non encadré traîne dans le bazar recouvrant l’un des bureaux.

Belle visite, dont je devrais garder longtemps le souvenir doré, et sud je tâcherai de renouveler à l’occasion d’un éventuel autre passage parisien.