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… et donc, du fait de la pingrerie d’un hôtel étonnant de médiocrité (Ibis sur Hunter Square: à éviter), mon habituelle boulimie de journaux de voyage fut cruellement frustrée. McScrooge Accor m’a tuer. Pour autant bien sûr, toutes les images de ce court séjour à Édimbourg me tournent en tête, encore et encore.

Je savais, en voyant cette ville, qu’elle allait pénétrer dans mon imaginaire. Tout y est: les hauts et les bas — je n’aime jamais tant une ville que lorsqu’elle a une géographie très mouvementée, ainsi ai-je adoré la collineuse Lisbonne alors que la plate Vienne ne m’a guère inspiré, en fait je trouve finalement que Lausanne, toute petite qu’elle soit et artistiquement quelconque, est bien plus intéressante que la capitale autrichienne ; les contrastes profonds — Old Town, New Town, quartiers West, port de Leith, plage de Portobello ; les chocs de la nature et de l’urbanité — des montagnes en pleine ville, la nature sauvage à deux pas, la brutalité des murailles du château, la sinuosité du la Water of Leith au fond de son étroit canyon ; le ciel tumultueux, les rayons rasant du soleil en fin de journée, les pavés luisants d’humidité ; le gothique dans toute sa violence et sa noirceur — ses piques et ses crocs, quelque part entre Druillet et Schuiten — ; le stupéfiant cimetière de Calton Hill, l’empilement de Victoria Terrace sur Victoria Street ; les kilomètres de pierre grise ; le grès rouge… Enfin bref, cette ville m’a captivé, enchanté. Oh je m’y attendais, pour avoir lu cette ville tant et tant, dans les pages d’Alexander McCall Smith, de Ian Rankin, de Ken MacLeod ou de Kate Atkinson, et dans des films ou des séries. Mais en vrai, quelle puissance massive, quelle présence incroyable. Et Édimbourg est plus multiple, plus étonnante encore que je ne l’avais envisagé de loin. A-t-on idée de bâtir telle cité sur des volcans et dans de telles crevasses, quelle géniale arrogance de l’humain sur la géographie.