#5196

Cette arche n’ouvre sur rien de particulier, des cours et des toits. Située en haut du cours de la Somme, cette ouverture inactuelle, reste oublié de quelque chai majestueux, me fascine de longue date. Lorsque j’étais en exil à Lyon, je rêvais même que cette avenue finissait par atteindre Londres – pile tu arrives place Nansouty, face tu parviens quelque part à Londres. Je n’ai jamais retrouvé le passage britannique, maintenant que mon réel est bordelais.

#5023

Dans un petit opus que je picore actuellement, le poète Jacques Réda propose de ramener le souvenir que l’on a d’une ville à une ou deux couleurs. Alors pour moi Édimbourg c’est un noir profond et un rouge sombre, San Francisco me reste en bleu de la baie et vert sombre des eucalyptus, Lisbonne se colore du bleu des azuléjos et du jaune chaud des petits tramways, Bruxelles serait plutôt ce cortège de blanc et de verre qui descend le mont des Arts, La Haye je l’avoue ne m’a guère laissé que du gris et du bois sombre, mais Londres alors ? Le rouge de la brique et le blanc pâle du stuc qui rosit dans un soleil bas, dirai-je.

#4078

Tram, bus, métro, des rues, des rues, des ponts, une ville si immense que pour le piéton provincial elle approche un infini de pierre, de macadam et de béton. Même au sein d’une forêt comme celle de Meudon, la ville enlace et pénètre partout, ces quelques jours furent pour l’amoureux d’urbain que je suis un calme vertige, proche de celui de Londres mais en collage plus dense – avec des pépites au long du chemin, comme le kebab « Aucune idée », la station « Brimborion » ou les cosmopolites passagers d’un instant métropolitain (la princesse indienne, le rockeur, la révolutionnaire sud-américaine et le vieux germano-pratin). Fatiguant, bruyant, froid, mais brièvement fascinant voyage, en dépit du contexte peu amusant des hommages aux amis disparus.

#3011

Chaque samedi matin je rentre en paysage avec la complicité d’un ami, nous arpentons petites rues et chemins de traverse, coulées vertes et coteaux, bords d’eau et voies ferrées. Pour le marcheur urbain que je suis, accoutumé à une ville essentiellement plate, me surprennent particulièrement les promenades sur les hauteurs de la rive droite, avec ses panoramas soudains sur le paysage de Bordeaux enfin considéré en vue d’oiseau. Un au-dessus d’autant plus fascinant qu’il est rare en ce territoire.