Avez-vous déjà lu du Kenji MIyazawa? Pour moi, c’est une sorte de lecture idéale au sein du calme et du froid ténébreux de cette époque du passage d’un an à l’autre… Miyazawa était un conteur et poète japonais (1896-1933). Instituteur dans la province déshéritée d’Iwaté, en pleine période d’ouverture aux développements venus d’Europe, Miyazawa qui avait une formation de géologue fut marqué à la fois par la croyance bouddhiste et la fascination scientifique, ainsi que tiraillé par ses pulsions homosexuelles. Dans ses poèmes, où il créa un vocabulaire entièrement nouveau (onomatopées, couleurs), comme dans ses contes, s’explore une cosmologie où l’invisible rencontre le visible, où le macrocosme rejoint le microcosme. Miyazawa passait aisément de l’examen des roches à une rêverie cosmique ; il trouvait dans la nécessaire entente entre toutes les branches du vivant la recette à appliquer pour le bonheur universel. Il l’illustra dans des nouvelles d’un merveilleux aux racines folkloriques magnifiées par une poésie toute personnelle. Solitaire, mal intégré à sa société, il mourut à 33 ans en n’ayant publié qu’un petit recueil de contes pour enfants, ainsi que Le Printemps et les Asuras — carnet de croquis poétique plutôt que simple recueil de poèmes. Ses récits aux images à la fois oniriques et étonnamment lucides ont ensuite été réunis, peu à peu. Ils ont souvent été adaptés en films et dessins animés, aussi, et ont été découverts en France grâce au travail de la traductrice Hélène Morita, à partir de la fin des années 1980. Train de nuit dans la Voie lactée, Traversée de la neige, Le Diamant du Bouddha, Les Fruits du ginko et Les Pieds nus de lumière sont autant de plongées dans un monde enchanté. Bon bout d’an, tous.
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