#2430

Eh bien voilà, ça n’a pas manqué : suite à ces deux jours de réunions parisiennes, fièvre cette nuit, mal de gorge, toux et barre de plomb en guise de sinus… Je crois que Paris n’est réellement pas bon pour ma santé… À part ça, le trajet en « TGV » Bordeaux-Paris est diantrement long, vivement qu’il s’agisse réellement d’un trajet TGV. Et en termes de nouvelles habitudes à acquérir, le labyrinthe de béton de la gare Montparnasse est assez stupéfiant. Ayant plutôt mes habitudes aux alentours de Bastille et Charonne (donc pas très loin de la Gare de Lyon), là je suis d’ailleurs assez perdant, c’est sûr.

Au chapitre des premières fois, donc, le retour à Bordeaux depuis Paris. Arriver dans cette vaste gare, sortir sur le long parvis ponctué de griffes insectoïdes géantes et lumineuses, en lieu et place du chaos familier de la Part-Dieu et de son état d’encombrement et de quasi-ruine. Puis remonter vers chez moi, ça m’a semblé un peu plus long de nuit que ça ne l’est de jour. Chez moi, eh bien oui : première fois que j’ouvre ma porte en revenant d’un déplacement. Curieuse impression de décalage,  je ne suis pas encore réellement habitué à vivre ici, dans cette grande demeure, si confortable, où je respire si bien. Reprise du travail aujourd’hui sur les chapeaux de roues, en dépit de la pesanteur de cette fichue crève, et tandis qu’au dehors souffle en violentes rafales une tempête… sous un ciel très bleu. Première journée complète d’activités éditoriales dans la lumière du bureau neuf.

#2429

Avant de m’éclipser pour raison de déménagement, j’avais passé une période assez intense de bouclages d’ouvrages, afin que tout soit prêt et même un petit peu en avance — j’ai donc reçu cette semaine un paquet de premiers exemplaires de livres des Moutons électriques tous beaux tous neufs, et parmi eux deux projets très personnels qui, pour cette raison, me font encore plus particulièrement plaisir que le frisson habituel de la découverte d’un nouveau livre tout frais arrivé de chez l’imprimeur. C’est le cas des Détectives rétro, anthologie sur laquelle je fus bien prêt d’atteindre mon « niveau d’incompétence » tant c’est long et compliqué à mettre en place, une antho. Et c’est celui de Jeunes détectives, les vies, projet s’inscrivant dans le prolongement de la première collection des Moutons, la « Bibliothèque rouge », et dont je rêvais de très longue date. Il ne fut pas non plus aisé à réunir, et semé hélas de quelques abandons de collaborateurs, ce recueil, et si sur les détectives d’antan je fus secondé par ma copine Christine Luce, sur leur version junior c’est mon copain Vivian Amalric qui coordonna vaillamment le bébé que je lui avais refilé. Au sommaire, j’ai eu la joie de voir réunis quelques personnes qui me sont chères : par exemple, mes deux plus vieux amis, mes anciens correspondants Spirou (!), Élisabeth Campos et Philippe Caille, ce dernier qui plus est qui n’a guère l’habitude de publier. Deux grandes amies, aussi, à savoir Christine Luce et Mireille Meyer. Et bien entendu mon vieux complice de la collection, Xavier Mauméjean ; plus quelques autres collaborateurs qui se prêtèrent gentiment au jeu particulier de ce volume.

Le sujet me tenait à cœur : les « jeunes détectives », c’est toute ma jeunesse, que je passai à dévorer des « Bibliothèque verte » et « rose », les Club des Cinq, les Fantômette, les 3 détectives d’Hitchcock, etc. Au fil des années et des braderies, j’ai reconstitué mes collections, lisant ou relisant pas mal de titres, découvrant les Six compagnons de la Croix-Rousse (pas lus durant mon adolescence), relisant Enid Blyton, savourant son rival non traduit Malcom Saville… et ce volume est donc le résultat de toutes ces années de passion pour les enquêteurs en herbe. Je me suis même fait le plaisir de relire les premières BD de Jérôme K. Jérôme Bloche, pour ce volume. Et bien qu’il soit donc achevé, publié, je continue à errer sur ces chemins-là : ayant construit dans ma nouvelle chambre une petite bibliothèque spécifiquement pour ces livres verts, roses ou rouge & or, j’ai continué à relire des Fantômette et y trouve un grand plaisir — passé les premiers, assez rudimentaires, la verve du regretté Georges Chaulet m’amuse toujours autant, trésor d’ingénuité et de renouvellement, d’inventions verbales et de situations gentiment cocasses. Je ne retombe pas en enfance : je ne l’ai jamais réellement quittée, je crois.