Et en parlant de Londres…
Je suis en train de lire, par intermittence et dans le désordre le plus complet, London: the Biography, de Peter Ackroyd. Cet ouvrage colossal (paru en 2000) s’impose d’emblée parmi les lectures les plus indispensables pour les « accros » de la capitale britannique – et j’en suis, croyez-moi. Il s’agit tout à la fois d’une histoire de Londres (depuis le temps des druides jusqu’au tout début du XXIe siècle), d’une encyclopédie, d’un portrait impressioniste, et… quasiment d’un roman. Chaque chapitre explore avec gourmandise et subjectivité un aspect précis de Londres, à une époque ou à une autre – il peut tout aussi bien s’agir de la vie théâtrale, des prisons, de la cuisine, des marchandes de fleurs, du brouillard ou du traitement des déchets… C’est immense, foisonnant, plein de liens insolites, de motifs aussi souterrains qu’intrigants… Le ton d’Ackroyd se teinte souvent d’une légère causticité, il a un goût marqué pour l’étrange & le morbide (je trouve que sa vision de Londres ressemble beaucoup à celle de Tim Powers ou de Kim Newman, pour citer deux autres écrivains amoureux du fantastique)… Ses informations s’avèrent parfois un peu superficielles (il préfèrera volontiers une belle légende à une vérité moins poétique) – mais qu’importe: il adore Londres, il vit Londres! Et il sait le dire. Le résultat est donc complètement génial, érudit, excentrique, enthousiasmant… Londres a beaucoup de chantres – mais Ackroyd est peut-être son plus grand.
Ou du moins est-il de ceux qui parlent le mieux de Londres, selon ma propre sensibilité…
Lors d’une expo au Tate Modern (sur les cités dans l’art contemporain), j’avais noté cette citation d’Ackroyd, qui s’étalait en grand sur les vitres du musée: « London goes beyond any boundary or convention. It contains every wish or word ever spoken, every action or gesture ever made, every harsh or noble word ever expressed. It is illimitable. »
Dans un passionnant entretien récent, interrogé sur les endroits qu’il préfère à Londres, les lieux qui lui semblent les plus dérangeants, Ackroyd répond:
There are a couple of spots of London that have always interested me. One of them is a small area known as Angel Street by the old wall of Newgate Prison, which has been a haunted spot for many centuries. It was here that the black dog of Newgate used to be seen in spectral form – certainly not a place for the faint hearted. Stew Lane is another spot. It’s a little-known alley that leads from the river upwards to Upper Thames Street. It’s dark and narrow – I’ve never known why it’s called Stew Lane or what happened there, but it is a curiously uncomfortable place.