#5165

De petits pas : sorti ce soir sans ma canne, à titre d’expérience. Je ne me rendais pas loin, à cinq minutes montre en main par les plis sinueux de mon quartier pour rejoindre le fier navire ancré par des amis au-dessus des voies. Une autre promenade est prévue pour demain matin, tant il me faut réapprendre la marche.

#5164

Participer à la création d’une librairie d’imaginaire à Bordeaux, la Librairie du Basilic, c’est non seulement une belle aventure et une vraie excitation intellectuelle et entrepreneuriale, mais cela me procure également de nouvelles et fort appréciées occasions de plus me rendre en centre-ville. Et je ne m’en lasse pas, de cette ville, décidément. Rien que de prendre le bus depuis chez moi jusqu’à la place de la Victoire, par le nouveau trajet que provoquent les monceaux de travaux un peu partout, c’est un plaisir : regarder défiler les façades (plus ou moins) beiges, observer les entablatures, les embrasures, les frontons, les fermes, les houteaux, les moulures, les portes, parfois un acrotère ou même des lambrequins et en tout cas les infinies variations des bandeaux — tout le vocabulaire minéral de la ville, que l’on ne regarde pas assez.

#5163

Événement personnel. Normalement, je marche un peu chaque samedi avec mon ami Fabrice. Sauf que : talon fendu de l’un et cheville froissée de l’autre, depuis l’été dernier on ne marchait plus. Première fois ce matin, donc, prudemment et lentement, sous le froid tranchant d’un ciel très bleu.

#5158

La promenade c’est parfois comme le souvenir selon Baudelaire, une tentative d’insubordination pour rendre actuel et disponible. Bref, on se secoue et on regarde. C’est aussi une détente sans frais, mais moi le grand marcheur je dois la réapprendre, sur mes jarrets démusclés et mes chevilles fragiles. Un petit peu à la fois.