#1783

Jolie synchronicité: alors que, de bon matin, je m’apprêtais à faire du thé, un facteur livra mon paquet de tarry souchong. Eh oui, car mon fournisseur habituel étant tout le temps en rupture de stock, j’ai été obligé de commander mon thé sur le web… Et il était temps: j’étais en manque. Je vais pouvoir siroter quelques tasses savoureuses tout en finissant de lire The Separation de Christopher Priest.

#762

Au bout d’un moment, mon sens du goût s’émousse et c’est pourquoi je dois changer régulièrement de thé. Pourtant, je reviens toujours à mon favori: le tarry souchong. Un thé noir chinois très fumé. Selon certains béotiens, il s’agirait d’un « thé au hareng » (mon père), ou d’un « thé au cochon » (mon coloc). Mais, comme dirait Nero Wolfe: pfui. Ils n’y connaissent rien. La saveur, le bouquet de ce thé sont sans pareils, pour moi ils sont la douceur même du thé, à la fois charnu et d’un sombre parfum.

#478

Versé dans la tasse noire, le thé coule en un robuste filet de liquide trouble, qui monte dans un remou nébuleux & d’où s’élève une vapeur légère, fumet emboisé du Lapsang tarry souchong — douce senteur de fumée, en avant-goût d’une saveur qui se fait corsée, âpre ou suave, mais toujours caressante, selon les fois & le sucre. Rond sous la langue, parfois un rien astringent, ce goût familier qui développe toujours subtil la ligne rouge sombre de sa saveur, avec par-dessous le frémissement insaisissable de la théine, & par-dessus le voile de sa fumée.