#37

Journée de farniente, en ce dimanche. Il est assez rare que je ne fiche rien, mais j’étais tellement « cassé » hier du fait de la mauvaise nuit que m’avait fait passer Nina (ça, plus ma chute de moral suite aux « événements »)…

La pauvre petite bête tituba à travers l’appart’ durant deux heures, en rentrant de chez le véto, perdue et chancelante — elle me faisait vraiment peine à voir. Puis elle essaya de dormir, d’abord dans « son » fauteuil puis, lorsque j’allai me coucher, sur mon édredon comme d’habitude. Et toute la nuit elle tourna, bougea, piétina, tentant de trouver une position confortable…

Et hier samedi elle n’était pas encore tout à fait remise du choc de son opération & de l’anesthésie. J’avais d’ailleurs remarqué qu’elle devait avoir la bouche pâteuse (il y a-t-il un verbe spécifique pour décrire l’action de se mouiller les lèvres, de les faire claquer avec un bruit humide?), donc en me couchant j’avais installé sur ma table de nuit un grand verre d’eau. Ca n’a pas manqué d’être utile: je m’endormais à peine que j’entendis Nina laper longuement, et plusieurs fois durant la nuit je l’entendis boire ainsi.

Aujourd’hui, elle finit de récupérer: elle a recommencé à manger, mais sinon dodo toute la journée. Moi-même j’ai fait une sieste, sur le canapé, et comme je m’étais mis une couverture sur les genoux (oui, ricanez, traitez-moi de pépé: la fatigue me faisait frissonner), la chatte vint se vautrer dans le canyon formé par mes jambes étendues. Curieux comme elle refuse absolument de venir sur moi (un reste de sauvagerie de la petite chatte de gouttière qu’elle fut), mais adore se blottir contre mes jambes du moment qu’il y a un édredon entre elle & moi.

Maintenant, en cette fin d’après-midi où je me suis décidé à regagner mon ordi pour écrire un peu, mademoiselle est roulée en boule contre le flanc de l’écran. Comme un vrai chat d’écrivain — alors que d’ordinaire elle vient plutôt protester que je passe trop de temps devant l’ordinateur et que « occupe-toi de moâiou »…

#36

Du bon matos pour les surfers: il existe sur la SF et la fantasy un site (en anglais) particulièrement passionnant & vivace, SF Site. On y trouve de très nombreuses chroniques de livres (par des fans talentueux aussi bien que par des auteurs plus connus, ayant envie de s’exprimer sur le web), des entretiens, quelques articles, et ils accueillent des tas de pages d’auteurs ou de revues.

Et puis il y a ma rubrique favorite: « Dislocated Fictions » de Gabriel Chouinard. Où ce critique explore les franges actuelles des littératures de l’imaginaire, avec un amour plus particulier pour ce qui dérange, ce qui « fusionne » les genres, ce qui (d’après lui) semble esquisser de nouvelles approches & définitions des littératures de l’imaginaire, au-delà des étiquettes SF ou fantasy trop figées… Ses propos sont souvent un peu snobs, parfois même agaçants (j’avais carrément trouvé stupides ses déclarations quant aux Harry Potter, faites sur la liste de discussion consacrée à China Miéville), mais plus généralement justes, passionnés, passionnants. Il se pose en héritier de la New Wave d’autrefois (il avait d’ailleurs ouvert sa rubrique par un entretien avec Michael Moorcock, génial comme d’habitude), et recherche dans les publications anglo-saxonnes actuelles le ferment d’une nouvelle « fiction spéculative ». Gabe Chouinard prépare aussi un website entièrement consacré à son approche: Fantastic Metropolis.

Tiens une citation, pour le plaisir. Où Chouinard rappelle ce qui devrait être des évidences — mais qui nécessite souvent d’être réexpliqué:

A good story is always a journey. It is a trip through lands foreign and strange, whether it be an imaginary world or the internal landscape of a character’s psyche. We yearn to go somewhere when we read. Sadly, many ‘experts’ interpret this desire for journey as escapism. That is not so.

‘Escapism’ is a word that is often attached to fantastic literature, though it has no right to coexist with ‘fantasy’ or ‘science fiction’. Escapism is a dirty word, with impure connotations; it presumes that the primary reason one reads fantastic fiction is to flee our own existence, to avoid the concrete world around us, as if there were something horribly wrong with our world. In the process, escapism has come to signify a type of mental imbalance, as if all readers of SF dwell on the outer edges of society, ready to drift off into a spontaneous schizophrenic trance.

Not true, of course.

The best fiction is not written to avoid our world, but to confront it. For many of us, speculative fiction is a framework that allows us to view our own world and society through a blurry lens; to corrupt the view just enough to gain the necessary distance to sit back and comment on the things that we see, without being colored by mundane perception. And in that fuzzy realm of half-seeing, we see truths that are normally obscured; we are allowed to focus on the whole, rather than the detail, and to see the picture for what it really is.