#337

Nineteen Sisley, or more

Comme par un fait exprès, une expo sur Alfred Sisley nous permet, à Lyon, d’encore prolonger l’obsession impressionniste de notre escapade londonienne.

Deux grincements de dents pour commencer : ces gens-là n’acceptent pas les cartes bancaires. Provincialisme imbécile… Puis : la verte profondeur du tableau « Allée de châtaigniers près de la Celle-St-Cloud » (1867) est rendue presque opaque, en tout cas virtuellement impossible à admirer, par le verre qui la recouvre.

Enfin, heureusement le reste de l’exposition effacera un peu l’amertume de ces irritantes approches… Car l’exposition est vaste, les Sisley proviennent d’un nombre remarquable de sources différentes. Promenade plaisante dans un univers feutré, tranquille & même un petit peu trop routinier. Devant certains cieux très lumineux, je réalise soudain que le copain de mon grand-père, James C. Richard, était lui aussi un peintre impressionniste : je ne discerne aucune différence de talent entre le pont de Sisley et la vue de Chinon par Richard, que j’admire depuis ma plus petite enfance…

Vague insatisfaction, tout de même : en fait, nous aimons Monet & les post-impressionnistes, plutôt que les autres impressionnistes à proprement parler… Pissaro nous ennuie, quant à Sisley, il observe les choses de trop loin, il n’a pas le nez dans la matière. Ses eaux sont beaucoup plus intéressantes que ses cieux ; selon les époques, trop de tons « éteints » (le fameux « rose » de Sisley ?) ou bien trop de clarté (ciel trop bleu). Tout cela manque d’émotions

En sortant du musée St Pierre, nous filons à Villeurbanne pour un kebab devenu trop rare. Il fait vraiment beau — non, rectification : il fait un ciel bleu. « Il fait un temps à la Sisley ! » nous amusons-nous.

Dans un livre feuilleté au musée, j’ai noté quelques noms d’impressionnistes américains — ceux-ci paraissent souvent très intéressants. Childe Hassam, Léon Dabo, Henry Ossawa Tanner : il y a encore de nombreuses découvertes à faire, tant résonances à savourer après ce séjour londonien… J’ai la tête pleine de tableaux, d’images, de sensations. L’apport de cette seule semaine ne semble pas prêt de s’épuiser…Lorsque j’observe la réalité, il me semble souvent discerner la trame de la toile, le grain de la peinture…

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