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Contrairement à Douze Lunes, le weblog de mon oncle Jean, il est clair que je n’entre jamais ici dans des débats politiques non plus que dans le commentaire de l’actualité internationale. Cependant, une fois n’est pas coutume… Je vous suggère d’aller lire quelques textes ou entretiens des candidats démocrates à la présidence américaine — il y a encore de l’espoir en ce monde. Ainsi Howard Dean et Dennis Kucinich.

À part ça, et pour revenir à un sujet plus typique de ce blog, qu’ai-je lu ces temps derniers? Well, let me think about it… Tiens, par exemple il y a Faerie Hackers de Johan Heliot (chez Mnémos). Enfin un auteur français qui ose se frotter à cette fantasy urbaine que les Américains pratiquent couramment & que les éditeurs français ont jusqu’à présent évité comme s’il s’agissait d’une forme de peste… Pourtant, le mélange de notre univers (ici une grosse entreprise de jeux informatiques) & de celui des fées (via le palais de versaille, porte vers la Faërie) donne bien un roman jubilatoire, bourré de trouvailles amusantes & de scènes épiques. On pensera un peu au De bon présage de Gaiman & Pratchett, pour la fée rebelle exilée sur Terre, quoique l’humour ici soit plus léger, moins directement le sujet. Toujours est-il que Faerie Hackers est un roman d’aventure passionnant & pas bête pour un sous.

Lu aussi CyberPan d’un autre des jeunes as actuels de la « litt.im. », Fabrice Colin. Bouquin pour enfants, entre SF & légendes, chouette. Du même, je viens de commencer Dreamericana.

En polars, j’ai donné dans l’historique: La Ville noire de Nicolas Bouchard (réédité en J’ai Lu: je n’avais pas voulu l’acheter en grand format, étant donné mon peu de goût pour ces grands bouquins tout moches/tout chers qu’on nous fabrique en France), vraiment parfaitement bien troussé & qui de plus m’a amusé par sa situation géographique (j’ai habité, hélas, deux ans à Limoges). La Disparue du Père-Lachaise de Claude Izner (chez 10/18). Dans les deux cas, il s’agit d’intrigues policières situées, pour l’une en 1900, pour l’autre en 1890, donc en plein dans cette charnière XIXe/XXe qui me passionne. Et dans un même ordre d’esprit, je lis avec passion la collection complète de 48/14, la revue du musée d’Orsay — j’en ai certainement pour des mois à explorer ces seize numéros bourrés de reproductions, de commentaires & d’articles formidablement érudits. Je viens de lire par exemple le n°12, sur « néo-impressionisme et art social »; fascinant.

Et puis suite à sa rencontre à Nyons, je me suis remis à lire du Pierre Magnan. De fait, j’ignore pourquoi je n’en avais pas lu d’autre, après avoir pourtant apprécié avec plaisir La Folie Forcalquier il y a quelques années… Toujours est-il que voir « en vrai » ce grand monsieur m’a donné envie de me replonger dans son oeuvre. Et bien m’en a pris: il y a là tout ce que j’aime. Des intrigues policières prenantes & tordues à souhait, un rythme nonchalant & une écriture admirable. Ah, cette délicieuse misanthropie! Et ces phrases douillettement balancées, qui confèrent aux intrigues une quasi intemporalité tant on ne parle ni n’écrit plus ainsi. Quel style! J’adore ça, tomber dans un livre en français sur des mots que je ne connais pas, par exemple — et Magnan ne se prive pas d’utiliser un vocabulaire formidablement riche, plein tout à la fois de formules désuétes, de français soutenu & d’emprunts au franco-provençal.

« Au bout d’un chemin de terre long de un kilomètre, bien à l’abri, bien masqué par des bosquets de yeuses et de grandes craus désolées où seules se cachent les truffes (…) »

Je sais ce que sont des « yeuses » (des chênes verts), mais qu’est-ce que sont des « craus », par exemple? Je n’ai pas ça dans mes dicos — je regrette d’ailleurs de plus en plus de ne pas posséder de vrais gros vieux dictionnaires bien ventrus.

Enfin, quel bonheur que lire du Magnan: il effectue la parfaite hybridation de Jean Giono & Simenon! Après avoir dévoré Le Sang des Atrides & Le Tombeau d’Hélios, je suis maintenant dans Le Secret des Andrônes (tous chez Folio Policier — qui ont le double avantage de n’être pas chers & franchement beaux, maquette presque aussi élégante que celle des Poirot d’Agatha Christie actuels, ceux de la série « signature »: j’aime les beaux bouquins & un poche peut être très esthétique!).

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