Lorsqu’est sorti en salles le deuxième film de la trilogie de la « Guerre des étoiles », comme on disait alors, j’avais seize ans. Je n’avais pas vu le premier film, car j’allais extrêmement rarement au cinéma — ça ne faisait pas partie de la culture familiale. En dehors du Disney annuel lorsque j’étais petit, je suis fort peu allé au ciné étant môme. En fait, je me demande même si ce deuxième Star Wars ne constituait pas ma première sortie sans adultes au cinéma. En tout cas, je me souviens avoir également été voir vers la même époque une compilation de dessins animés de « Sylvestre et Titi » (c’était avant que cette tarte de Dorothée nous invente le terme de « Gros minet »), que j’avais adoré comme de bien entendu (ces deux personnages demeurent parmi mes favoris), ainsi que les Trois caballeros de Disney (qui m’avait somptueusement barbé : toutes ces chansons et toute cette drague hétéro, bââââille…). Mais il me semble que le Star Wars était mon premier film. Mes copains n’y allaient pas beaucoup non plus, au cinéma, je crois. En tout cas, on n’en parlait jamais. Ce dont nous parlions, c’était surtout de BD (qu’avec Trong Loc et Emmanuel je découvrais), de bouquins (avec ceux de mes amis qui lisaient : Éric et Greg, particulièrement Greg — notre passion commune pour Bob Morane et Doc Savage), un peu d’art et d’architecture (ben si : on n’était pas en ville nouvelle + à côté de la capitale pour rien), mais surtout de musique. Pink Floyd, Genesis, Tangerine Dream… Supertramp surtout, qui déchaînait notre passion… je découvrais Yes et Vangelis, d’autres aimaient Joe Jackson et Linda Ronstadt… Mais le cinéma ? Non. Pourtant, il y avait bien quelques salles, à Cergy-Pontoise : certaines aux « 3 fontaines », le grand centre commercial, et puis juste sous la pyramide inversée de la Préfecture se logeait un petit centre commercial, qui comprenait une autre salle de ciné.
C’est là qu’avec mon petit frère je suis allé voir les trois films déjà évoqués. J’avais vu à la télé la bande annonce du deuxième Star Wars, j’en avais discuté un peu avec Greg, nous étions très fans de SF, bref : ç’allait être formidable. Oué, bon. Ce ne le fut pas : j’ai trouvé ça sympa mais pas génial, plein de trucs faiblards. Et pourtant, j’en lisais, des daubes, à l’époque. Des Fleuve Noir « Anticipation », des Sheer & Darlton, des vieilleries américaines ringardes… Je n’étais pas blasé, du tout. Mais voir transposés tous ces clichés sur le grand écran, non, pour moi ça ne fonctionnait pas vraiment. Du cinéma, j’attendais plus qu’un mauvais roman ou qu’une série télé comme Cosmos 1999. Beaucoup plus.
PS : Et ne parlons même pas du troisième volet de la trilogie, qui me parut encore plus faible, limite ridicule, plein d’erreurs absurdes (faut pas être un génie pour s’aviser que la course-poursuite entre les arbres, eh bien les gars, à une telle allure ils devraient s’exploser sur les troncs vite fait bien fait).
C’est le type même de film qu’il faut voir en laissant son incrédulité aux vestiaires. J’ai vu le premier avec mes petits frères à moi, qui se trémoussaient sur leur siège prêts à se jeter dans l’écran. Mes souvenirs restent essentiellement ceux occupés à les empêcher de bondir. Mais ça a ajouté à leur répertoire d’onomatopées les célèbres zing-zing, piou-piou, avec la gestuelle Kung-Fu qu’ils imitaient de Petit-Scarabée et ça, c’était grandiose!
ben oué mais même à 16 ans, je n’étais pas parvenu à suspendre suffisamment mon incrédulité: les images sur grand écran s’imposaient trop à moi, tuant la part de flou d’une fiction, fixant trop de choses – avec trop d’erreurs et de sottises qui me sautaient au visage.
Je ne vais pas cracher dans la soupe : j’ai été fan de Star Wars…
Le premier avait été programmé par mon prof de français dans ses sorties mensuelles du mercredi matin… Je l’ai raté, car j’avais eu la mauvaise idée de me faire coller ce mercredi-là… Devant les commentaires dithyrambiques de mes congénères le mercredi matin, j’étais plutôt verdâtre…
Je me suis donc décidé à payer un plein tarif le samedi suivant et j’ai été ébloui. C’était le conte de fées de mon adolescence (ah ben oui, quand même, d’accord, c’est tout ce qu’il y a comme SF dedans…) Des méchants, des gentils, des lasers, des vaisseaux qui explosent dans l’espace en faisant boum, cette conne de princesse Leïa avec ses téléphones ridicules qui tombe amoureuse du mauvais mec)…
Trois ans plus tard, le vrai choc, c’était l’Empire contre-attaque. Là, on avait en plus du mysticisme, plus de lasers, plus de boum, plus de tout. Et c’était un sacré bon film et le seul que je revois toujours avec plaisir…
Trois ans plus tard, j’ai fait la queue deux heures pour être dans la salle à la toute première séance le jour de la sortie du Retour du Jedi… Et là, misère, c’était tarte, y avait des conneries de peluches qui couraient dans tous les sens en criant « achetez-moi » quand on leur appuyait sur le ventre… Bref, la grosse déception et la révélation de ce que Lucas était vraiment : un gros marchand de jouet américain…
Par la suite, il y a eu des rempontages, des traficotages, tous plus pourris les uns que les autres…
Mais l’Empire contre-attaque, quand même… Quel pied ! 😉