Retour du Salon du Livre, donc. Rien que le nom m’amuse : le « Salon du Livre », sans indication de ville, quelle arrogance bien parisienne. Et quel souvenir garder d’un tel événement, j’allais écrire: « d’une telle bousculade » ? Car c’est le premier sentiment que je retiens, celui d’un maelstrom, de cinq jours de presse (au sens ancien de « foule » et non à celui de « journalistes », hélas, qui sont les grands absents de cette grand-messe, en tout cas en ce qui concerne ma maison d’édition), d’un stimuli intense (beaucoup de bruit et beaucoup de monde, quoi), d’une opération de relation publique continue… mais aussi, le sentiment d’une sympathie formidable (les Indés) et d’une sorte de réunion de famille (le milieu SF). La situation du stand étant ce qu’elle est, je me suis souvent placé au dehors, dans l’allée, et contemplé par moments avec un regard un peu extérieur toute cette agitation, qui me laisse encore passablement incrédule — et fier, la fierté de faire partie des Indés de l’Imaginaire, d’avoir construit tout cela, aussi bien la maison que ce collectif, et de me retrouver même dans cette position de « boss », comme diraient mes stagiaires, avec ce week-end là sous ma houlette rien moins qu’un employé et deux stagiaires, plus un fidèle collaborateur et bien entendu plusieurs auteurs. Dix années de labeur ont été nécessaires, oui, mais le résultat me semble plutôt chouette. Bien supérieur à la somme de tous mes efforts.
Quelques souvenirs fugaces ? Avoir été ému lorsqu’un jeune homme et une jeune fille sont venus du stand de je ne sais quel master d’édition, pour me dire que mon travail sur les Moutons électriques est leur principale source d’inspiration. Et de m’offrir le somptueux bouquin qu’ils ont produit pour leur diplôme. Avoir été fort amusé par une vieille bibliothécaire du genre caricatural (mince froncée et préjugés en bandoulière) qui croyait me faire des compliments en me disant que vraiment maintenant je publiais des livres sérieux, c’est bien, toute cette science-fiction (insérer ici une grimace) non vraiment, maintenant vous faite un travail remarquable (hum, dois-je m’inquiéter, deviendrai-je si chiant que cela ?). Amusé aussi par cette remarque en passant d’une ancienne responsable culturelle me disant une fois de plus qu’elle n’aime pas la science-fiction, alors que l’on parlait de Jaworski — cuistrerie et inculture, les deux mamelles de tant de ces gentils fonctionnaires (les bonnes intentions, les pavés, tout ça tout ça). Irrité par l’unique journaliste que j’ai vu, qui voulait m’interroger pour un site web obscur sur « pourquoi publier en province, quelle est la vie culturelle en province? », mais va mourir eh, c’est pas la « province » c’est la France, ça vit sur une île et ça croit faire preuve de curiosité intellectuelle, faut-il être sot pour en être à ce point de parisianisme.
Le reste ? Des copains, des amis, des auteurs que j’aime, de bons contacts, des lecteurs (-trices), un délicieux resto italien quelque part dans Vanves « pas loin du tout », la douceur de ceux qui m’hébergeaient, deux petites tristesses mais c’est la vie, un peu de ventes, Dionnet, Frémion (toujours un peu épaté d’être copain avec ces « célébrités »), une interview passionnante (Colin-Lehman pour Fiction), mes gentils stagiaires… Trop de métro, les jambes lourdes, globalement une « impression positive »… Et le soulagement de revenir en mon sweet home.
Comme tu es injuste avec le Salon du Livre de Paris. Parce que, c’est vrai que « de Paris » n’est pas écrit très gros sur l’affiche, mais c’est bel et bien écrit. L’adresse de leur site c’est salondulivreparis.com
Et puis, si on ne dit pas que c’est à Paris, comme le salon se tient Porte de Versailles, il y a des gens qui vont croire que c’est à Versailles.