#2460

Les deux premiers jours, Carmilla, la chatte noire, a résolument refusé de mettre une seule patte dehors. Elle avait déjà considéré avec un mélange de crainte et de méfiance l’escalier, lors de notre installation, et maintenant c’était au tour de ce terrible extérieur de lui inspirer une têtue réticence. La plus jeune, Mandou, fonça aussitôt dehors, trouva le moyen un soir de se glisser sur le toit, protesta lorsque nous finîmes d’installer la palissade de bambou — l’empêchant par conséquent de bondir sur le muret de la voisine pour aller explorer le jardin voisin — bref manifesta le plus grand enthousiasme pour cette nouvelle extension du domaine de ses expériences sensibles et de son espace de vie. Calmement, la grosse mémère grise, Jabule, explora avec circonspection puis adopta sans restriction.

Ce matin je n’avais encore qu’entrouverte la porte de la cuisine, vu la fraîcheur. Mandou, sortie par la porte du salon, considéra cette porte entrebâillée, se leva sur ses pattes arrières et, s’appuyant des pattes avant sur le battant, ouvrit en grand la porte offensante, avant de s’éloigner sur la terrasse. Quant à Carmilla, elle campe maintenant dans le jardin, au beau milieu du bouquet de myosotis, tache d’ombre percée seulement de deux lueurs jaunes clignant de satisfaction. Hier soir j’ai du aller la chercher afin de pouvoir fermer pour la nuit, et elle exprima son mécontentement d’une voix grêle.

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