#2353

Exercice rituel : mes dernières lectures… Tout d’abord, l’envie m’a pris de relire un « roman culte » à moi que j’ai, et ma foi, l’âge du capitaine avançant j’aurai peut-être du m’abstenir car j’ai été, sinon déçu, disons légèrement désappointé. En effet, ledit roman, un petit space op français que je trouvais d’antan hautement amusant, Vautours de Marc Bourgois (paru chez Titres-SF), m’a cette fois semblé un tantinet trop immature. Bien fichu mais… oui, immature est le mot.

Tiens, je parle rarement de bédés, finalement. L’autre jour j’en ai acheté de bien alléchantes : tout d’abord, le Mickey de Lewis Trondheim sur dessins de Keramidas, un grand et bien bel album. Car voici donc que les éditions Glénat se piquent de faire réaliser des albums de Mickey par des auteurs franco-belges, sapristi! Ce premier est graphiquement somptueux, il n’y a pas. Et fan de Lewis, je ris toujours autant de ses gags. Mais… avouerai-je un léger sentiment de trop peu ? Le principe de présenter des gags prétendument tirés d’une vieille et rare revue, pour amusant et original qu’il soit, m’a semblé un rien léger. En refusant de se confronter à une narration complète, Lewis s’est condamné à une superficialité un brin décevante. Enfin, c’est beau, c’est drôle — c’est déjà pas mal !

Car, hem, je ne saurais en dire autant de l’autre album de la collection, par le Suisse Cosey : déjà, niveau humour Cosey c’est pas ça (euphémisme). Et j’ai trouvé toute son histoire bien embrouillée, ni claire ni bien menée, je ne sais où il venait en venir mais ce machin mou et fumeux n’a pas grand-chose pour lui… Pas même le dessin, maladroit, lourd, anguleux, franchement il y a un bon paquet de cases moches, d’incroyables erreurs de dessin, cet auteur réaliste n’a pas effectué le passage au comique sans dommages — et Cosey de se réclamer de Macherot dans un entretien? Oh bonne mère!

Macherot tiens justement, parlons-en : voici que René Hausman sort un album de Chlorophylle, donc d’après Macherot. Mais dans son propre style, qui fait merveille en illustration animalière. Et je vais peut-être blasphémer, mais je n’ai jamais été très convaincu par Hausman en bédé… Ses personnages ont toujours l’air hébétés, ça manque de mouvement, de lisibilité globale… Quant à l’histoire de Cornette, elle est à la fois molle et pas très engageante, tout cela manque de sympathie, de bondissant, de… d’humour, quoi, mais quelle idée de faire des reprises de bédés humoristiques avec si peu d’humour (ou pas du tout, dans le cas de Cosey) ?!

Des déceptions, quoi. Dans la même veine de reprises/hommages, on verra ce que donneront les prochains Lucky Luke de Bonhomme et Tif & Tondu de Blutch. Pas déçu en revanche par le nouveau Spirou & Fantasio des toujours (selon moi) excellents Yoann & Velhman. Tout juste eusse aimé que Dupuis leur octroit plus de pages que d’ordinaire, pour un album aussi historique : le retour du Marsupilami, bon sang! Enfin, Velhman s’est très bien débrouillé avec cette contrainte. C’est à la fois drôle, touchant et plein de références, et Yoann maitrise à merveille le dessin du Marsu, chapeau.

Retour au roman, avec une œuvre mineure mais très belle : Sous l’ombre des étoiles de Thomas Geha (Rivière Blanche). Un planet opera sans temps morts mais sans frénésie non plus, assez poétique en fait, servi par la belle langue ample de l’auteur.

Je n’avais guère entendu parler de l’auteur britannique Simon Ings (quelques nouvelles lues autrefois dans Interzone, me semble-t-il), et à Londres les couvertures de ses romans nous ont vivement accroché les yeux. Je lis donc City of the Iron Fish et c’est magistral. Une fantasy étrange et très littéraire, roman d’apprentissage dans une ville isolée au milieu d’un désert, ville que s’est toujours renouvelée grâce aux rituels, aux symboles et à la magie — mais maintenant les gens sont devenus plus rationnels, plus pragmatiques, alors la cité va-t-elle continuer à se maintenir ?

Last but not least, le dernier Kim Newman, The Secrets of Drearcliffe Grange School. Juste après la Première Guerre mondiale, une école anglaise pour jeunes filles, sévère et perchée sur une falaise, éduque notamment celles qui ont des dons… « particuliers », comme celui qu’à Amy pour la lévitation. Certaines des (super) héroïnes de l’époque viennent d’ailleurs de Drearcliffe. Mais des complots bouillonnent aux alentours, une conspiration de gens masqués, qui menace d’emporter l’école… C’est une sorte d’Harry Potter féminin complètement gothique, un peu la version « école de jeunes filles » de la Brigade chimérique. C’est tordu et hautement réjouissant. Du diable si je sais quel public ce roman peut bien viser, mais moi j’en suis.

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