#2359

Cette nuit j’ai mis le nez dans une curiosité littéraire fort ancienne. En dépit de la lassitude qui m’ensable les yeux et me froisse le dos, je ne parvenais pas à dormir alors j’ai saisi un livre que je venais de trouver dans une « boîte à lire » : The Swiss Family Robinson. Je n’avais jamais lu cela, à peine vu étant enfant quelques épisodes d’une série télé. J’ai pris cette édition car la grosse reliure rouge était belle, offerte à l’époque par le lycée d’Agen il s’agissait d’une traduction anglaise datant de 1905, sur un beau papier très épais et avec quelques illustrations. Je ne suis pas certain que personne ait jamais lu ce volume en entier : des notes à la plume, insérées en page 12, semblent prouver le contraire. Je me suis d’abord amusé de l’anonymat de l’ouvrage, où seul le traducteur est crédité, mais il s’avère que de fait toutes les premières éditions étaient anonymes. Je me suis également amusé du caractère outrageusement bondieusard des propos tenus par le bon père de famille, mais j’ai depuis réalisé que ledit auteur, un Suisse allemand nommé Johann David Wyss, avait rédigé Le Robinson suisse entre 1794 et 1798 — c’est ancien, bien plus que je ne le croyais. Première parution en 1812 : encore un cas de roman rédigé par un père pour ses enfants et n’ayant connu publication et succès que plus tard, hors du cercle familial. À cette lecture, je me suis souvenu de mon instituteur de CM1, monsieur Gouttière, qui toujours sévère dans sa blouse grise, avait pourtant pris un plaisir visible à nous raconter par le menu les aventures de Robinson Crusoé sur son île, allant au tableau pour dessiner les détails de la grotte, sa situation, son installation… Il y a dans The Swiss Family Robinson la même minutie, certainement un délice pour plusieurs générations d’enfants — mais ce n’est presque plus lisible, embourbé dans une morale chrétienne n’ayant plus trop cours et empesanti de trop de leçons, de trop de pieux détours. 

Une réflexion sur « #2359 »

  1. C’est peut-être un peu em… à lire, mais cela donne une idée vraie de l’éducation donnée aux enfants de bonne famille en ce temps-là;

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