#4073

Combien sommes-nous à entretenir une coupable nostalgie ? J’ai découvert avec amusement que mon excellent camarade Gerardo exprime comme moi une forme d’incrédulité à voir Bordeaux la blonde, lorsque nos souvenirs retiennent une ville aux murs sombres. Le cours Victor-Hugo en particulier demeure dans mon image mentale d’une vraie noirceur, des immeubles peints de suie. Le juppéisme arrosa les façades de subsides européens afin de nettoyer la ville mais n’interdit pas le trafic automobile : le cours Victor-Hugo n’est plus noir mais perd également, peu à peu, de sa blondeur retrouvée, pour se voiler d’une regrettable grisaille.

#4071

Cette nuit a les doigts froids, qui tambourinent à mon vasistas. C’est la période grise, celle des jours de peu de lumière, de l’éclat orange des réverbères dans des soirs trop tôt tombés, des trottoirs rincés de pluie, des feuilles mortes chiffonnées et des lassitudes désenchantées.

#4070

Bus à l’arrêt à un feu rouge, je regarde machinalement alentour, le macadam verni d’humidité, les feuilles mortes qui recouvrent une place de parking, la pluie ruisselant le long d’un tronc… et un pigeon marron et blanc qui traverse calmement sur un passage piéton, à petits pas bottés de plume.