C’était donc il y a un an. De mes impressions d’alors sur mes séjours chez mon parrain, j’ai brodé l’avant-dernière nouvelle de mon cinquième recueil de polar uchronique, Archives d’un détective à vapeur. « Les deux morts de mademoiselle Rose » est le titre de cette nouvelle quasiment contemplative. Et je retrouve aujourd’hui le plaisir de cette observation tranquille, assis dans les hautes herbes entre la mare et un cerisier. Une pause. Le temps de me familiariser de nouveau avec les épis hauts, les marguerites au long cou, le grumeleux odorant des menthes blanches, le tapis de pétasines sous le couvert près de l’eau, ces odeurs vertes et résineuses que soulève la chaleur du jour. Des papillons folâtrent, hésitent. Au ras du sol, posé ainsi dans l’ombre légère, j’écoute le chant des oiseaux et les crissements des sauterelles, tout à l’heure deux rapaces tournaient en sifflant au-dessus du petit bois, derrière moi des corneilles craquètent. Le niveau de la mare est bien bas, hélas. Soudain des aboiements : c’est un chevreuil tout roux qui, trompé par mon immobilité, s’inquiète et, en quelques bonds, s’enfuit plus loin, me regarde surpris, la tête portant une jolie couronne, puis en râlant derechef file dans la prairie.