Qu’est moche désormais cette amorce de la rive droite de Bordeaux, couverte d’une architecture médiocre, des chameaux gris au long cou et des girafes myopes aux meurtrières serrées. Ensuite s’étire toujours le désordre des entrepôts puis, le train passé sous le pont d’Aquitaine, ce sont les camions et voitures en rangées de boîtes brillantes, les silos rugueux et les tubulures baveuses du port. Un maussade paysage industriel auquel succède le mitage mesquin des pavillons individuels. L’on franchit une Dordogne à l’eau beige et enfin s’étalent les mares de prés détrempés et les arbres dépeignés, feuillages rouges ou jaunis, sapinières basses et élans sombres des pins : défilent les verticales et les débordements liquides. Chaumes blonds, vallons verts et terres roussâtres, sous un ciel diaphane et frileux. Des balles de paille s’espacent comme les pièces d’un jeu de dames. Vu au travers d’un champs la course d’un renard, au-dessus d’un autre le plané d’un corbeau et sur une rivière un groupe de pigeons, envol gris et blanc.
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