#6047

Au jardin, plantes et bêtes ne se soucient pas des chagrins, tumultes et embarras des hommes. Patates, fraises et capucines poussent au même endroit, la menthe bouscule le thym, un trèfle perce au milieu d’un géranium. Un bruyant bourdon noir aux ailes bleues passe de fleur en fleur.  Pluie, soleil, pluie, soleil.

#6046

Rentrant hier soir de la librairie, bien qu’un peu fourbu je suis pourtant ressorti de suite, ayant besoin de marcher. Perdre un vieil ami, le début du deuil, c’est un tel vertige. Tournant dans les petites rues que je connais par cœur, caressées par la lumière dorée, j’ai respiré les senteurs du jasmin et des chèvrefeuilles en me remémorant sa voix, son visage, sa silhouette, juste pour vainement essayer de maîtriser un peu cette perte, cette impuissance, penser aux siens, et à toute une époque qui devient fantôme.

#6045

Bords d’eau. Troisième tronçon du GR, trois heures et demi de lac en lac, de jalles en jalles, de grottes en ruisseaux. Un pique-nique à contempler les évolutions tranquilles d’un ragondin, et les taches impressionnistes des coquelicots ou de la moutarde dans les horizons d’herbes immenses.

#6044

En défiance des averses possibles, une nouvelle portion de GR ce matin, en de longues perspectives gorgées de vert. La senteur des roses, les blancs flocons du cerfeuil, le jaune froissé des iris d’eau. Lacs, prairies, fossés et ruisseaux. Cigognes, moutons, vaches et chevaux. Et seulement quelques gouttes de pluie à la fin du chemin.

#6043

Mon grand-père nommait cela « faire le tour de la maison du pâté », ce petit tour du quartier à la fin du jour, juste le temps de lever le nez sur quelques arbres, de respirer la senteur des chèvrefeuilles dans les rues et au retour d’admirer le lent ballet des gros bonhommes au cul gris et ventre blanc se vautrant au-dessus des toits.