Hier soir j’évoquais avec un vieil ami cette pratique des notes d’observation. Je nommais dans le temps cela mes « instants lucides », ces minuscules moments que j’essaye de saisir par écrit, en imitation de l’art du croquis sur le motif, comme j’en ai vu vendredi dernier d’admirables exemples avec les carnets d’Emmanuel Guibert, au musée d’Angoulême. Faute du moindre talent graphique j’essaye d’assouplir mon écriture, ce sont comme de petits exercices. Et puis, ces temps-ci, mes séjours pastoraux ajoutent leur saveur impressionniste, leur caractère de « parenthèses » d’exception, à ce que je peux vouloir retenir. Ces carnets virtuels, j’y pioche également lorsque je compose des fictions : ainsi ai-je été ravi de retrouver, pour une nouvelle récente qui sortira l’an prochain en anthologie, mes notes jetées hâtivement lors d’un passage au petit matin entre Saint-Malo et Jersey, il y a des années. J’achève mon gros travail de relecture, et mes deux prochains et derniers week-ends à Champignac j’essayerai de revenir à ma propre écriture, avant d’y consacrer mes mois de juillet et août, « sanctuarisés » chaque été dans ce but.