#2690

Aller / retour

Un fleuve, une rivière, un ruisseau, puis les étendues de pins et de sapins, ensuite la blondeur des champs et le vert des vallonnements : sur son destrier électrique, le capitaine file pour un séminaire de travail des « Indés de l’imaginaire » en notre bonne capitale. De quoi finir le manuscrit qui me reste dans la liseuse ; on ne dira jamais assez l’avantage des lectures ferroviaires.

L’on dépasse à peine l’entassement des banlieues, depuis Montparnasse, que Paris est déjà oublié, le train surgit en plein pays agricole : à perte de vue, le poil dru et blond des chaumes, parfois une bande de terre labourée, et les grandes ombres des nuages qui glissent sur ce décor absolument rural et rigoureusement vide. Le monde technologique ne le marque que de quelques verticales : celles des pylônes électriques, des longs cous des éoliennes ou, parfois, du corps crayeux des silos.

#2688

C’est l’heure à laquelle le soleil gonfle tout en haut du boulevard ; où le ciel peint le sommet des façades d’un rose orangé ; où un léger vent monte et glisse ; où une senteur de sable chaud teinte les petites places ; l’heure où je sors me promener dans le quartier, histoire de respirer un peu, de défaire les nœuds du jour, de trier mes idées par le mécanisme de la marche et de regarder autour de moi.

#2687

Les sons de la civilisation : un train qui passait dans un souffle trépidant vient de faire sonner deux notes longues et péremptoires de sa trompe, portées jusqu’à mon vasistas par le vent, tandis qu’au-dessus de la ville un avion grondait en traçant son sillon, puis c’est un deuxième train qui hoqueta en cadence, tout bas, et je saisi le bourdonnement d’une mobylette. Que le vent tourne et le silence s’impose de nouveau, juste troublé par quelques froissements de feuilles.

#2689

De vieux amis et de vieilles connaissances se réunirent au cœur de la nuit occitane. Et en bons urbains qu’ils étaient pour la plupart, le spectacle du ciel nocturne constitua pour eux l’attraction la plus frappante : Mars bien rouge, la longue lueur de la Voie lactée, toutes ces étoiles que nous dérobe en ville le couvercle de cuivre.