#2297

Lectures amicales. Au sein du flot des livres, ceux des amis ont forcément une importance toute particulière, une singularité qui me conduit même à lire des thèmes, des styles, que sans doute je n’aborderais guère sinon. Je ne sais plus si j’avais exprimé ici l’admiration et le plaisir que j’avais eu à lire, sur manuscrit, le prochain roman de Xavier Mauméjean? Je n’en connais pas le titre définitif et il ne semble pas encore être annoncé, mais mazette, mes amis, quelle belle claque. Guettez-le.

Et du même je viens de lire un roman jeunesse, L’Ami de toujours. Je l’avais d’ailleurs commencé je ne sais plus quand, et abandonné je ne sais pourquoi non plus, mais ça m’arrive très souvent — d’autres choses à lire d’urgence pour tel ou tel travail, ou bien encore, pas d’humeur, allez savoir. J’en gardais pourtant une curiosité, l’envie de connaître la suite. J’ai tout relu, c’est court et fluide, et aimé bien sûr. Et pourtant: c’est dur, froid, je n’irai pas naturellement vers une telle fiction. D’autant que ça s’adresse ouvertement aux jeunes geeks, en plein dans leur culture — univers secondaire, boîte de prod, États-Unis, etc. Mais l’intrigue accroche bien, cet ami imaginaire qui soudain est là, dans le réel, menaçant, trop beau, trop sûr de lui — et que se passait-il alors, pendant leur enfance? Étrange, tendu et inclassable, un peu à l’image du Camelot de Fabrice Colin, paru il y a déjà quelques années. Non que les intrigues soient semblables mais une certaine ambiance, un malaise… Je me demande vaguement ce que donnent de tels livres, commercialement parlant, mais pour le lecteur que je suis ce sont de beaux moments.

Juste avant, j’ai lu Infiltrés de Laurent Queyssi, un autre roman jeunesse, ou plutôt, c’est ainsi que les éditeurs français disent en ce moment: « young adult ». Je me souviens d’un débat il y a longtemps, dans un salon, où je m’étais fait apostropher par un lecteur qui trouvait qu’il était absurde de prévoir des livres pour les « jeunes adultes », puisque ceux-ci lisaient tout bonnement les livres pour les adultes. J’ai dans l’idée que ce lecteur avait raison, mais allez savoir: après les Américains, depuis longtemps, voici que les Français découvrent cette étiquette éditoriale. Et puis, cela permet l’éclosion de romans qui n’existeraient pas chez les éditeurs « adultes », c’est certain. Bref, l’ami Queyssi de livrer un espionnage, comme il les aime, mais avec un djeun’s en fauteuil roulant comme protagoniste. Là aussi le ton est plutôt froid (genre oblige), la langue simple (public oblige?), mais en revanche c’est bien « fun », très enlevé. Je ne suis pas du tout fan d’espionnage, mais ça m’a amusé.

Et puis maintenant je lis le recueil de nouvelles de Michel Pagel, La Vie a ses rêves, avec des textes dont je me souvenais un peu, d’autres que je découvre, et toute la palette du talent de cet auteur, dont le style tranquillement lyrique me plaît toujours autant : Pagel a toujours eu une vraie « voix ».

#2295

Une très belle chronique de Rêves de Gloire sur le blog de mon vieux camarade Philippe… Et puisque le Bird cite un de mes emails, je vais m’en auto-citer un autre: « j’ai adoré, réellement adoré. je n’y connais rien non plus, historiquement, mais m’en foutais: je connais Roland, c’était son univers, c’est tout, et que ma connaissance de la réalité ne se distingue guère de cette uchronie faisait, pour moi, partie du jeu. j’ai trouvé ça absolument captivant et touchant et… immergeant, si j’ose dire. quelques temps auparavant j’avais relu d’un bloc toute la série des Futurs mystères de Paris, avec un intense plaisir, et Rêves de Gloire prolongeait avec bonheur ma redécouverte de Roland. tu sais, ça a même été au point où j’ai dans la foulée du roman lu l’énorme bio de Camus par Todd, afin d’en quelque sorte prolonger cela. ça m’a éclairci sur pas mal de points historiques, mais je continue à mélanger avec allégresse uchronie et réel. »

Conseillé par le même « Crazy Bird » et sous l’influence aussi de Roland, forcément, je me suis fait offrir pour mon anniv une petite platine. et je réécoute donc certains de mes vieux LP, genre par exemple les Original Mirrors que j’avais justement évoqués avec Roland il y a quelques mois. C’est typiquement des eighties mais sans doute ancêtre du « shoegazing », en écoutant Good Shoes j’avais pensé à eux. Réécouté encore d’autres vieilles choses, par exemple les über-babas de Quintessence, finalement pas très éloignés des groupes actuels Fleet Foxes ou Astra. Des musiques de films d’Ennio Morricone, terriblement datées… Mais reste quelques tonnes de LP chez mes parents, au grenier, il faudra que j’en rapporte encore d’autres.

Un des plaisirs de l’édition sur papier, c’est justement… le papier. Genre, le bouffant un peu jaune utilisé dans les nouveaux « Bibliothèque rouge », que l’ai choisi à la fois pour sa main, sa texture épaisse et sa teinte. Ou le bouffant blanc utilisé dans les nouveaux « Bibliothèque voltaïque », incroyablement léger et d’une main équivalente à un papier plus lourd. Mais un papier auquel je pensais depuis très, très longtemps (bien deux ans) c’était le papier Keaykolour Rayé couleur lin, une carte cannelée (ou rainurée, utilisez le terme que vous voulez) dont j’ai enfin trouvé l’usage, pour les couvertures de Fiction désormais. Je viens d’en voir un premier exemplaire pour le tome 15, et c’est suuuperbe.

#2293

Retour d’un petit week-end dans le calme et la verdure helvètes. Évidemment, à force de raconter ici un peu tout de ma vie trépidante, lorsque je vois des amis, ils me disent « Ah oui tu l’as dit sur ton blog », mais cela ne freine guère un bavard tel que moi. Ce séjour dans le joli village où résident les Kloetzer fut donc, tout de même, assez volubile. Et puis quel village étonnant que celui-là, où l’on croise moult babas cools de diverses nationalités et des jeunes gens costumés à la mode steampunk. Auparavant, j’avais fait une escale à Lausanne, une ville que j’aime bien. Je me suis même réjouis d’en connaître certains noms, St François, le palais de Rumine, la place de la Riponne, il m’amuse d’être déjà un peu familier avec cette géographie. Et puis que j’aime les villes en pente! Ah, elle tire sur les jarrets, Lausanne, mais c’est un décor plaisant. Légère déception cependant quant à l’expo Ligne claire, plus petite que je ne m’y attendais, et trop rigidement fixée sur l’école d’Hergé, à mon goût — pour l’amateur que je suis plutôt du « style Atome ». De belles planches tout de même qu’il me fit plaisir de voir, par exemple quelques Bob Fish de Chaland, des Joost Swarte, des Chris Ware, et même des Macherot…

Non loin, une expo de Christophe Blain. Ses sujets et scénarios m’intéressent rarement, mais quel trait. Également, adoré l’expo des canards Tom Tirabosco, aussi drôles que beaux, vraiment superbes, son style est un bonheur. Rien trouvé en chinant sur le marché à la brocante — à côté d’un marché alimentaire aux étals rangés par catégorie de marchandise: tout un coin de marchands de fromage, les boulangers à côté, etc. C’est la Suisse, quoi. Un pays où les trains circulent rigoureusement à l’heure, ç’en est stupéfiant (au retour, dès l’arrivée en gare de Bellegarde le train s’arrêta… et pris un quart d’heure de retard: c’est la France, quoi). Arrivé au village de R. je retrouvai mes amis au salon de thé du prieuré, comment imaginer accueil plus doux? D’autant qu’une foire aux livres s’y déroulait, où je dénichais une petite perle des auteurs lyonnais Paul Berna, surtout renommé pour quelques polars jeunesse, et Guy Sabran, son frère illustrateur. J’ai donc cédé à cette tentation (un album de SF, Nous irons à Lunaterra), tout en chinant avec curiosité au sein de nombreux ouvrages d’éditeurs suisses qui ne me sont guère connus.