#2567

Mon menu lopin sous le haut mur ne l’a pas encore vraiment réalisé mais la saison rousse est bien là, pour ma part je l’ai compris ce soir. Sous un ciel déjà outremer lorsque sonnent les 20 heures, les têtes orangées emmanchées au bout d’un long cou s’allument timidement, hésitantes, brouillant les ombres. Elles accentuent la teinte automnale qui s’est emparée de la petite place pas loin de chez moi, celle qu’enserrent les grises maisons de cheminots, d’un côté, et les blancs pavillons sixties, de l’autre. Un brin de vent fait crisser les feuillages et lève une senteur sèche, alors que pourtant d’intermittentes averses ont martelé tout le jour. Le sol se jonche de boucles rousses, les tilleuls entament leur calvitie hivernale.

#2599

Last night, the sounds of the city seemed altered. I could hear the distant hum of traffic on the boulevard, the clatter of trains rumbling past, the intermittent backdrop of sirens wailing, sometimes the buzz of a passing bike, but it was as if these sounds were coming from another place altogether, or rather, as if this whole quiet throbbing was the breath of the metropolis. I like it when I can listen to this urban breathing, rather than having my bedroom window completely shut. An envelopping presence, soothing.

(tentative de rédaction d’un court texte en anglais, simplement pour essayer)

#2588

En m’installant à Bordeaux il y a quelques années, j’avais plein d’envies, notamment la résolution de faire la connaissance de certaines personnes — mes « people » à moi, on va dire. Eh bien, c’est fait. Je reviens d’une journée chez un grand monsieur des lettres, un écrivain que j’admire de très longue date. Mode groupie on. Heureux je suis (et un peu ému, aussi).

#2581

Un mien ami m’a offert un recueil des souvenirs de voyage à Bordeaux de Johanna et Arthur Schopenhauer. Le philosophe n’avait alors que 16 ans, c’était en 1804, le château Trompette élevait encore ses vieux créneaux noircis, chaloupes et navires encombraient le port de la Lune, pour le Mardi-gras deux carnavals se déroulaient… Lecture délicieuse, mais je préfère la prose délicate et gentiment lyrique de la mère, Johanna, à celle sèche et grognon du fils, à la fois immature et déjà rigoriste.

#2576

Qu’ai-je vu ? Des lapins dans le sous-bois. Des chèvres des Pyrénées à la longue barbe blanche. Des dindes noirs du Gers au front couvert de verrues écarlates. De grands arbres aux frondaisons torves. Des chemins blancs. La dureté du gravier et la douceur des sentiers. Quelques canards. Le vert tendre des jeunes chênes et le vert-de-gris des sapins. L’unique fleur blanche géante d’un magnolia couvert de grenades couleur d’anis. Les roucoulements des pigeons, le crissement des feuilles mortes bousculées sur l’asphalte, les rires d’un canard et les gloussements d’un coq. De grises nuées qui s’amoncellaient au-dessus des cimes. Peu de gens, quelle aubaine.

(qq heures au Parc bordelais)