#2476

Traversant tout Bordeaux en bus hier soir, pour me rendre au réveillon, et contemplant la ville nocturne depuis ce long véhicule grinçant, ai encore une fois eu la conviction qu’être chez soi ailleurs constitue le plus beau cadeau que je me sois offert. Bientôt trois ans que j’ai installé mes pénates en la blonde ville de Bordeaux et le plaisir, que dis-je, la tranquille jubilation, ne m’a pas quitté. Je ne cesse guère de me féliciter du changement et d’en savourer ce qui demeure encore, plus ou moins, une forme de nouveauté ou du moins un aboutissement. J’avais beaucoup aimé lorsque Laurent Queyssi, devant moi, avait déclaré à un copain que « André avait toujours dit qu’un jour il viendrait habiter ici mais je ne l’avais jamais cru ». Ah ! I did it, homme de peu de foi.
 
Trois années à savourer le présent, tandis que les trois précédentes n’avaient pas été que joyeuses, à dire vrai. Après le départ d’Axel pour poursuivre ses études à Paris, je n’avais pas réalisé tout de suite que jamais nous n’habiterions plus ensemble, et que vraiment la solitude devait se faire si pesante, après une bonne dizaine d’années de cohabitations diverses et variées. Avec les travaux sous mes fenêtres, une famille de freaks hurlant dans la cour, un quartier congestionné d’immeubles neufs et laids, une pollution et une surpopulation inversement proportionnelles à ma vie sociale… après 28 ans Lyon me pesait, et il devenait nécessaire de partir ailleurs, enfin.
 
Je vais entamer la quatrième année de cette nouvelle existence, avec une vie sociale, affective et… bref, une vie renouvelée, un climat tempéré, une maison cocon, des Moutons fringants et même, c’est fou, une blanche moutonmobile… well, cet ailleurs devenu chez moi me semble toujours aussi doux.
carte-voeux-2017

#2474

C’était bien la petite fête d’hier soir chez moi. Bon, il y a eu quelques épisodes un peu curieux, en particulier de trouver dans un coin, après le départ de tout le monde, une bougie « Nuit érotique » (c’est marqué dessus). Mais sinon, on a notamment bu du champagne en levant nos coupes pour célébrer la mort annoncée de la spoliation ReLire, en l’honneur de Yal et Sara.

#2473

C’est lui, ce ciel d’hiver illimité, fragile,
Où les mots ont la transparence et la délicatesse du givre,
Et la peau froide enfin son ancien parfum de forêt,
C’est lui qui nous contient, qui est notre exacte demeure.

(Je pensais à Jacques Réda, tout à l’heure, en contemplant le ciel si froid et cette lumière si dure.)

#2465

Hier soir il faisait relativement bon et sur la terrasse, levant le nez, j’ai regardé la lune, pleine et imposante, devant laquelle glissaient des nuées bleutées. Ce soir, on nous annonçait la « super moon » mais j’ai beau scruter, le ciel reste vide, bouché d’un couvercle gris rougeâtre. Ah mais si, la voilà, elle se lève et le ciel se fragmente de nouveau en larges écailles bleues. La lune est là mais elle ne me semble pas plus grande qu’hier. Des nuées en échardes noires flottent au ras des toits, il s’agit en fait de déchirures vers le ciel nocturne. Un train passe en ronflant et quelque chose tinte au loin, vers le boulevard.