#2312

Ce fut un week-end assez « brassant », un roller-coaster émotionnel ayant débuté par la soirée de lancement du Panorama dans une librairie bordelaise (présentation et signature, en compagnie de mes camarades de jeu Nicolas Labarre et Patrick Marcel — photo ci-dessous par Nathalie Mège) et… eh bien, disons qu’il s’est finalement achevé dans la beauté des hauteurs nocturnes, par un concert de Snarky Puppy, groupe de jazz-rock fusion réjouissant d’énergie et de fun.

Je sors peu le soir et demeure donc émerveillé, non blasé, par les feux du Bordeaux nocturne. La flamme gothique de Saint-Michel, les quais qui pulsent d’une lumière dorée, les mascarons grimaçant sous les lanternes, les tramways glissant comme de sombres obus, au-dessus des toits la courbe blanche de la grande roue et les étincelles multicolores de la foire aux Quinconques. Me suis dit qu’il faudrait que je trouve l’occasion, un jour, de monter sur la grande roue. Je l’avais fait il y a trente ans, était-ce avec Charlotte ou bien avec Emmanuelle ? Je le referai bien, plutôt avec un garçon, soupira-t-il avec un romantisme un peu narquois, mais dans l’immédiat je me contente d’admirer de loin ces échardes lumineuses de la fête foraine.

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#2306

Ces derniers jours j’étais patraque, rien de grave, juste une petite crise de mon problème de digestion chronique — peut-être avais-je consommé du glutamate sans le savoir, enfin bref. Ce matin, après pourtant une nuit passablement blanche, je me suis levé étonnamment gaillard. J’ai donc décidé d’aller me promener un peu, en tentant une idée que j’avais eu. C’est fou ce qu’un simple billet de bus peut vous conduire loin. Car voyez-vous, la marche à pieds c’est bien, le vélo c‘est chouette, mais je ne peux explorer aussi loin que je le voudrais mon environnement bordelais, tout de même.

J’ai donc rejoins le bus 91, sur l’autre rive, et l’ai pris… jusqu’à son terminus, à Ambès. Le but étant de voir comment c’est, tout au long du fleuve… Et je ne suis pas déçu : intéressant de voir comment la ville cède vite la place à un long balbutiement entre ruralité et industrie, ici les ziggourats d’engrais et de pétrole, ici les prés et les blés, quelques villages et beaucoup d’espace naturel, tandis que l’eau enfle, s’élargit, ample Garonne qui descend vers sa confluence avec la Dordogne. Çà et là des panneaux rappellent le contexte fluvial, « Cale de mise à l’eau », « Voilerie de l’estuaire », « douane pétrolière »… Toute la rive se piquette de cabanes perchées, sauf dans les zones véritablement portuaires, où j’ai vu un beau tanker orange vif amarré auprès des hauts zigzags de passerelles en ferraille et des grandes grues. Après un curieux cimetière de caveaux pyramidaux alignés en rangs serrés, le terminus s’avère une déception, Ambès n’est qu’une bête banlieue sans âme, les pavillons alignés comme les tombes précédentes, aussi vivants. Une banlieue de rien, l’extrémité de cette terre n’est que zone industrielle. Et le bus 92 ne coïncide pas, j’espérais rentrer par le bord de l’autre fleuve, tant pis, je fis le retour comme j’étais venu, voyant d’autres choses, observant les yeux bien ouverts ces paysages du lointain bordelais, à la fois anodins et poétiques.

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#2303

Cette nuit, de grands cerfs de fonte aux bois en acier se sont battus sur le boulevard, entrechoquant leurs ramures métalliques dans de grands « clang » qui résonnaient sur le quartier. Enfin, c’est du moins ce dont j’ai eu l’impression dans mon début de demi-sommeil, hier soir, entendant au dehors ces chocs métalliques qui me rappelèrent ceux des bois de cerf lorsque ceux-ci se battent.

#2293

Il y a déjà dix-sept mois de cela, j’avais décidé avec Laurent Queyssi de réunir mensuellement différents copains bookaholics pour un dîner, le premier lundi de chaque mois. Les premiers temps, nous nous réunissions au préalable dans un pub irlandais puis nous divaguions de par les rues jusqu’à trouver un resto qui nous séduise. Mais cette méthode nous plongeais dans des lieux trop bruyants et pas réellement assez conviviaux pour une telle réunion-bavardage. Ces derniers mois, nous avions donc fait cela à plusieurs reprises à mon domicile, ainsi qu’une fois chez Laurent pour une barbecue estival. C’était très agréable, mais depuis le début nous rêvions de trouver un lieu d’accueil genre bistro ou resto, un havre comme celui qu’a déniché la soirée BD mensuelle « Neuvième case » dans la salle arrière d’un bar : le luxe d’un coin privé dans un endroit public. Eh bien, cette fois il semblerait que nous ayons fait la bonne pioche avec la librairie-galerie-bar Zone du Dehors. C’est là qu’hier soir, en lisière du quartier Saint-Michel, sur le cours Victor Hugo,  nous fûmes hébergé en soirée privée, pour notre 17ème repas SFBDciné. Et que souhaiter de mieux qu’une très belle librairie, où la « tendance geek » est cultivée et où, sous une haute verrière, l’on mange bon et sain? Ainsi devisâmes-nous jusqu’au-delà de minuit, tandis que la pluie heurtait le verre en chocs mats sous un ciel nocturne zébré d’éclairs, occasion pour Ludo et Patrick de discuter de blocage de miroir (don’t ask). C’était bien, quoi.

#2279

Depuis seize mois que je suis devenu bordelais, je suis également devenu accro — à la brocante Saint-Michel du dimanche matin. Rien d’étonnant à cela, ç’aura même été tout à fait délibéré. Pour avoir vendu autrefois, une unique fois, sur la brocante, et pour avoir toujours tenu celle-ci comme l’un des regrets d’être exilé dans une cité lyonnaise où les vide-greniers sont si peu en vogue, je savais bien qu’en arrivant à Bordeaux ce parvis serait pour moi d’une attraction irrésistible. Enfin, ce ne fut pas tout de suite le parvis mais je préfère les voir étalées en désordre sous la flèche de Saint-Michel, ces brocantes, qu’alignées sur les quais comme cela fut durant le temps des travaux. Alors, bien sûr, ça représente un budget — une poignée d’euros chaque semaine, un billet bien souvent. Qu’importe : j’estime qu’à mon âge (bientôt 52 ans) il me faut me faire plaisir, tâcher de trouver un peu de fun, m’offrir un peu de confort, avant la fin du monde, n’est-ce pas ? So there: another haul this morning. Bliss indeed.

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