#2464

Notes éparses.

Curieux rêve ce matin, ma chatte Jabule n’avait pas sa fourrure tigrée mais l’espèce de pelage en plume d’un kiwi, vert-maronnasse.

Lassitude, trop de fatigue accumulée depuis novembre dernier et ça ne cesse jamais, quant aux mauvaises nouvelles et autres tristesses elles ne cessent pas non plus d’arriver ces dernières semaines. Je me doutais bien que cette année ne serait pas aisée à gérer en termes de charge de boulot, cela se confirme. Plus que la fatigue elle-même, ce qui m’énerve ce sont mes oublis et erreurs.

Ce matin je suis descendu à la Poste et du coup, plutôt que retourner tout de suite bosser, en dépit de la bruine j’ai été un peu me promener — à pied et en bus. Acheté chez Mollat le petit bouquin sur Maurice Rosy, lu d’une traite en rentrant. Joli portrait d’une vie d’artiste.

J’ai compté : de la gare à la place de la Victoire, il y a 18 salons de coiffure, sur le cours de la Marne. Dans le bus, deux bonnes femmes parlaient haut et fort, une autre leur demanda de baisser le ton, j’entendis tout de même la grosse exprimer, une fois passée la Victoire, son soulagement de « regagner la civilisation ». Eh bien, alors il faut croire que les « non civilisés » prennent un soin très particulier de leur chevelure, tandis que du côté des civilisés (cours Aristide Briant) je ne vis qu’un seul salon de coiffure, et encore je crois qu’il était fermé.

#2460

Les deux premiers jours, Carmilla, la chatte noire, a résolument refusé de mettre une seule patte dehors. Elle avait déjà considéré avec un mélange de crainte et de méfiance l’escalier, lors de notre installation, et maintenant c’était au tour de ce terrible extérieur de lui inspirer une têtue réticence. La plus jeune, Mandou, fonça aussitôt dehors, trouva le moyen un soir de se glisser sur le toit, protesta lorsque nous finîmes d’installer la palissade de bambou — l’empêchant par conséquent de bondir sur le muret de la voisine pour aller explorer le jardin voisin — bref manifesta le plus grand enthousiasme pour cette nouvelle extension du domaine de ses expériences sensibles et de son espace de vie. Calmement, la grosse mémère grise, Jabule, explora avec circonspection puis adopta sans restriction.

Ce matin je n’avais encore qu’entrouverte la porte de la cuisine, vu la fraîcheur. Mandou, sortie par la porte du salon, considéra cette porte entrebâillée, se leva sur ses pattes arrières et, s’appuyant des pattes avant sur le battant, ouvrit en grand la porte offensante, avant de s’éloigner sur la terrasse. Quant à Carmilla, elle campe maintenant dans le jardin, au beau milieu du bouquet de myosotis, tache d’ombre percée seulement de deux lueurs jaunes clignant de satisfaction. Hier soir j’ai du aller la chercher afin de pouvoir fermer pour la nuit, et elle exprima son mécontentement d’une voix grêle.

#2457

Ayant longtemps eu des « colocataires », qui géraient en aimables tyrans la chaîne hifi, je me suis habitué à avoir en quelque sorte mon DJ à domicile et ne me suis jamais vraiment fait, depuis le retour de la vie en solo, au fait de devoir effectuer de nouveau mes propres choix musicaux, dans ma CDthèque pourtant assez massive. J’ai donc énormément recours à la station Fip pour me fournir un fond musical agréable et inattendu. Fond qui cette nuit insomniaque, alors que je prenais une douche, m’a fourni une non moins inattendue madeleine new-yorkaise.

Je n’avais pas éteint Fip et j’avais omis d’allumer les lampes principales de la salle de bain, je me suis alors souvenu de la salle de douche du Pod Hotel dans Midtown Manhattan, sa pénombre chaude et en musique d’ambiance un peu de Gainsbourg… Et quand je suis sorti de la douche, Gainsbourg susurrait effectivement sur les ondes de Fip…