Même lorsqu’un chroniqueur exprime aussi bien son enthousiasme et sa compréhension de mon cycle d’uchronie que celui de Galaxies il n’y a pas longtemps, il trouve tout de même moyen de citer Sherlock Holmes et glisse à peine vers Poirot. Sans doute est-ce une difficulté que d’écrire du polar pour un lectorat SF : ils n’ont pas tellement la culture du roman policier. Car en vérité, je n’ai jamais songé à Holmes en écrivant mes petites histoires : Hercule Poirot oui bien entendu, et son assistant Hastings, furent mes premières inspirations – quelques reflets, disons. Puis une influence de Maigret pour Bodichiev, et un peu de Lord Peter pour Viat — venant de relire tout Dorothy Sayers j’y discerne bien les menues traces dont sa lecture marqua mon travail. Du Flaubert, une fois. Et Chapeau melon et bottes de cuir pour un certain charme. Mais tout m’influence ou me nourri, maintenant que je me suis vraiment réinvesti dans ce cycle. Puis aussi, en avançant dans tout cela, j’ai mis de plus en plus de micro touches de moi-même chez Bodichiev, et de mon fils à différents âges dans Viat. Parti d’archétypes je tends naturellement vers une peinture un peu plus personnelle, d’autant que j’alimente mes nouvelles de passages de mon blog, qu’ils soient rédigés intentionnellement pour Bodichiev ou bien que j’aille y « piocher » descriptions, ambiances, anecdotes ou souvenirs. Oui je sais, je n’arrête pas de parler de Bodichiev – que voulez-vous, il occupe pas mal mon esprit en ces mois de maladie et ces moments de langueur assez frustrants.
Archives de catégorie : écriture
#4025
Des maux divers et variés de ces deux maudites années, perte de liberté, perte de revenus, perte de santé, perte de relations… l’un, pour moi, est l’absence de voyages. La dernière fois que j’ai pris des vacances, c’était pour un petit séjour à Londres début novembre 2019. Depuis, même le casanier que je suis piaffe dans cette immobilité forcée, à laquelle je n’ai encore échappé que pour un week-end récent dans le Nord. Sur Instagram je vois passer des photos de Londres, d’Édimbourg, de San Francisco… et cela n’en creuse qu’un peu plus mes souhaits de départs. D’autant que se pose aussi la question d’alimenter les récits de Bodichiev, généralement tissés de lieux et anecdotes réels. Creusant ma mémoire et mon blog, j’ai rédigé une nouvelle située à Florence (elle sera dans le troisième Fiction) et une autre à Oxford, mais je n’ai plus guère de réserves d’ailleurs — ai même écrite une nouvelle sur Raguse (Dubrovnik) où je n’ai jamais mis les pieds (dans le nouveau recueil)… Pourtant, j’aimerai bien qu’un futur recueil soit Voyages d’un détective à vapeur et il faudra trouver du combustible pour mon imaginaire… Enfin, en attendant je lis des livres de voyage et/ou de géographie…
#4023
Deux ou trois fois chacune, mes deux chattes descendirent miaulantes dans la petite chambre au niveau de la cave, exigeant de savoir ce que je faisais là. Comme elles n’entendent rien ni aux problèmes climatiques ni aux questions littéraires, je ne leur répondis point et continuai à taper au propre la troisième de mes nouvelles estivales. J’ai donc la tête qui sonne un peu comme une vieille cloche (fêlée, je veux dire), mais c’est enfin fait, tout est au propre (avant relecture et passage d’Antidote, s’entend). Et ainsi, presque achevé est le prochain recueil, alors que le nouveau vient à peine de paraître, que vous n’avez pas encore acheté ; simple étourderie de votre part j’en suis certain. Mais enfin, ainsi Archives d’un détective à vapeur prend bonne forme, ne me reste à finir que la nouvelle compilant des documents policiers divers (authentiquement basée sur des rapports photocopiés que mon fils me procura lors de ses études de droit, il y a déjà un certain nombre d’années). Et vogue l’uchronie, monsieur Bodichiev progresse tranquillement.
#4022
Ça y est, les journées s’achèvent plus tôt, entre huit et neuf les trains sifflent sous un éclat du ciel qui n’éclaire pas, du bleu sombre monte dans le jardin. Les grandes mains du figuier virent déjà au jaune. Avançant lentement vers le rétablissement, j’ai tapé au propre deux des trois nouvelles composées cet été. Je me demande d’ailleurs ce que valent ces tablettes / bloc-notes numériques, si réellement la conversion au texte tapuscrit s’avère satisfaisante.
#4019
La grande rumeur cadencée d’un train passe dans la nuit. Une rivière de métal. C’est le monde qui passe au large de mon petit domicile. La pluie promise n’est pas tombée. J’ai relu ces dernières semaines les Dorothy Sayers en VO et ai de nouveau envie de lire en français, ça m’est nécessaire pour en quelque sorte alimenter mon envie d’écrire encore frustrée par la maladie, lire du style, regarder notre langue en travail. Enfin, j’entre en convalescence et reprendrai au plus tôt l’écriture. Que lire donc, sans doute vais-je piocher de nouveau dans les vieux polars français, tiens Francis Didelot ou Jacques Ouvard, par exemple. La lecture de romans policiers entretient également en moi la tournure d’esprit nécessaire pour creuser l’univers de Bodichiev, cette douce obsession qui est mienne.