#2775

« Dans l’avenue, c’était le silence trouble des nuits parisiennes. Des autos passaient avec un sourd feulement mécanique. Des tramways laminaient sans hâte leurs rails infinis, luisants sous les arcs électriques. Le ciel était d’un violet fortement rabattu de gris, Romain marchait au hasard. »

Pour tout ce qu’ils ont de très populaire dans l’esprit et la narration, et de rapide dans l’écriture, ces romans de Renée Dunan n’en recèlent pas moins, par moment, de bien belles phrases…

#2770

Promenade vespérale, dans cette douceur inattendue de l’air. Puis le cerveau se met en route à la vitesse des pas, c’est-à-dire lentement mais sûrement, et je songe à la manière de terminer, enfin, mon petit roman de cet été ; puis me viennent les arguments et la structure du grand papier que je dois rédiger demain pour un dossier de subvention. Rentré fourbu mais somme toute assez content, tant le travail semble s’être fait ainsi sans difficulté, de façon déliée.

#2756

J’ai compté l’autre jour, en finissant de préparer un catalogue : les Moutons électriques en sont à 365 ouvrages publiés, en cette quinzième année ovine. « Je crois que j’aime trop les livres », disait hier un collègue et ami d’une autre maison, ah ah ah !

#2754

Je ne sais pourquoi, je viens de repenser à une scène amusante dont je fus l’un des protagonistes, il y a pas mal d’années. Situons tout d’abord le décor, déjà singulier en lui-même : une longue salle dans une grande cité scolaire catholique en haut des pentes de la Croix-Rousse, à Lyon, où un ami était documentaliste. Après une conférence, un cocktail avait été organisé auquel l’on m’avait convié en tant qu’éditeur et habitué des lieux. Apprenant ma profession, un bonhomme au physique tordu par les ans comme un vieux buisson s’approche de moi comme je me trouve isolé un moment près des petits fours. Et de me demander ce que je publie, une lueur intéressée dans le regard. Discernant bien le type de fâcheux qu’un éditeur rencontre généralement dans les situations mondaines, de ceux qui ont toujours un ennuyeux manuscrit historique ou autobiographique à fourguer, je lui fais un sourire poli et je répond tranquillement que je publie de la science-fiction. L’expression d’effroi qui figea soudain ses traits fut fulgurante de même que son demi tour sans un mot, un retrait précipité qui me laissa au bord de l’hilarité.