Et en parlant de lectures, passer en revue tous mes billets de « dernières lectures » de l’année écoulée m’a permis de réaliser qu’il y a encore pas mal de bouquins qui passent à trappe, que j’oublie d’évoquer au fil des mois… Et notamment, j’ai vu avoir omis de signaler ma grande déception à la lecture de l’autobio de David Lodge, Quite a Good Time to Be Born. Quel ennui, mais quel ennui ! La vie ordinaire d’un catho coincé mais obsédé, tout cela est d’une bourgeoisie, d’une hétérosexualité, d’une platitude… Moi qui adore la verve de cet auteur, d’ordinaire, fut cruellement douché par la grisaille de son examen personnel. Autant l’autobio de Christopher Fowler, Paperboy, m’avait tellement plu que je l’ai relue quelques mois plus tard, autant celle de Lodge m’est tombée des mains après quelques tentatives.*
Et en revanche un roman que j’ai apprécié sans le citer, shame on me : La Voix de l’Empereur d’un certain Nabil Ouali (chez Mnémos). J’avais essayé une première fois mais avais été rebuté par le nombre de « c’était » et autres verbes ternes. La seconde fois fut la bonne. Le roman est court et polyphonique, d’un très beau lyrisme et d’une langue très soutenue, nonobstant la faiblesse ci-avant signalée. Classicisme absolu en matière de fantasy, pour toute la situation, mais en fait il y a maintenant eu une telle quantité publiée de fantasy médiévalisante / épique que le genre devient presque un exercice de style, une culture en soi un peu comme, je ne sais pas, l’opéra par exemple ; on apprécie la beauté et l’inventivité relative des variations, et celles esquissées par Nabil dans ce prologue me semblent fort belles.
* Ma déception vis-à-vis de Lodge fut d’une telle ampleur que j’ai eu envie, quoique tardivement, de l’exprimer. tout en sachant bien entendu que ladite déception provient assurément tout autant ou plus encore de ma propre subjectivité que de ce que l’auteur y a mis : j’exprimais il y a peu mon peu d’enthousiasme pour le sempiternel exposé des existences hétéro, et là en plus le mec est catho, eurk. tandis que bien sûr Chris Fowler est gay, ce qui fait que son autobio m’a infiniment plus parlé, à moi. question de « courant » qui passe, sur des sujets aussi intimes.