Un instant de synesthésie. Dans l’ombre de ma chambre, cette nuit, j’ai senti la petite tête de Jabule s’appuyer sur mon bras comme une lueur d’un pourpre clair et le ronronnement nimbait son corps félin d’une teinte ocre, que je distinguais clairement alors que mes paupières demeuraient baissées. Je me suis rendormi.
Archives de catégorie : thé / cosy
#2866
Ouate dominicale. Traverser les rues pavées de Sainte Croix, avec ses aimables boutiques de la dernière bienveillance branchée, jusqu’au parvis de Saint Michel croulant sous les étals de vieilles chaussures, lampes, assiettes, bouquins, masques africains, vases, clefs, jouets, fringues, nippes, disques, napperons, bibelots, tableaux, vélos… Siroter en terrasse un thé à la menthe avec un copain, dans le soleil fragile qui tourne autour de la flèche, puis rentrer par le cours vide, long et blond, et retrouver son bout de jardin, la petite chatte clignant des yeux sous le genêt, le rouge-gorge qui vient lancer quelques grincements aigus et les tourterelles qui roucoulent. Demain, il pleuvra.
#2855
Dans quel monde on vit ? M’étant rendu en ville chez un marchand de thé, j’y fus reçu presque comme si je leur demandais quelque drogue fâcheuse : du tarry souchong, fi donc, vous n’y pensez pas, c’est interdit par l’Union Européenne ! Tiens donc ? Bien, je m’en retourne donc en mes pénates, et chemin faisant me souviens d’avoir entendu dire que certaines marques dont le fumage du thé noir était effectué avec n’importe quel combustible s’était vu interdites de vente… Bon, soit. Je cherche sur le web : tout le monde vend toujours mon thé favori, sauf ladite maison. Euh, hem. Oh, et en rentrant j’ai vu passer sur les quais la devanture d’un vendeur de CBD. Mais dans quel monde on vit ?
#2853
Faut-il donc l’avouer ? Le goût sucré de Bordeaux pour moi, de manière intime, ce n’est pas le cannelé : peut-être n’était-il pas encore si présent, dans le mitan des années quatre-vingt qui me vit effectuer mes études ? La pieuvre Baillardran n’avait-elle pas alors encore poussé tous ses tentacules ? Ou bien, plus sûrement, mes finances d’étudiant crevard me firent-elles éviter sans même y songer friandise si coûteuse ? Toujours est-il que je ne découvris le charme du cannelé qu’un peu plus tard et que, dans mes souvenirs, c’est une viennoiserie bien plus ordinaire — non pas cette chocolatine dont je découvris avec ébahissement que ces sauvages de Lyonnais la nommaient « pain au chocolat » —, juste le pain au raisin, vous savez, cet escargot, qui fit durant trois années mon alimentation principale et dont pourtant je ne me suis pas écœuré, une dame dans le hall minable de l’IUT en vendait d’énormes pour vil prix, et ce goût m’est resté, délice encore, souvenir et gourmandise.
#2813
C’est l’heure où la cheminée se détache en rose-doré sur l’azur pâlissant, où ce dernier semble poudreux, où l’ombre monte de sous les buissons, où les arbres murmurent, où une brise caresse, où s’agitent les longs bras du micocoulier, où le figuier frotte ses mains, où la maison s’emplit de pénombre et le grand ciel de clarté.