#179

Presque fini de lire The Collection de Peter Ackroyd.

Admiration. Quel talent, quelle intelligence.

Je suis soufflé par l’élégance de la pensée de cet auteur — chaque petite chronique, chaque essai, tout brille d’une verve, d’une culture, d’une lucidité, d’un humour & d’un style… imparables. Quoique The Collection soit tout de même un bouquin assez volumineux (dans les 450 pages), il me paraît déjà trop court.

Une citation, pour le plaisir — mais je me suis retenu d’en faire quantité d’autres. Sur Lights Out for the Territory de Iain Sinclair, et donc sur Londres:

(it) is not a work of fiction, however, but an act of imagination. (…) It is a book about London; it is, in other words, a book about everything. (…) There are times when he resembles a revenant walking the streets of an ancient city, looking for runes or grimoires, but there are occasions when he alse seems to exist in some unimaginable future when strange territorial configurations or patterns of energy shape the character and destiny of the city dwellers.

Et sur la marche à pied en ville, à Londres, exactement mes sentiments:

These are all essays in praise of walking, and in praise of that mood of aimlessness and excitement which the streets of London seem to create — ‘drifting purposefully’ as Sinclair puts it, at those moments when the alignement of buildings or the pattern of courtyards and alleys leads the walker ineluctably forward. The pedestrian then mimic the movement of time in the city itself.

Lumineux!

#178

Rien, mais alors rien à voir avec les E.T.: j’ai ajouté au nombre de mes lectures en cours le nouveau roman de Michel Pagel, Le Roi d’août (chez Flammarion).

Un gros pavé historico-fantastique, utilisant comme base créative quelques éléments étranges de la vie de Philippe-Auguste afin de brosser une vaste fresque où complots politiques & créatures féeriques ont la part belle. Il s ‘agit de fantasy, oui, sans aucun doute (il suffit de lire le début du roman, la rencontre avec une sirène d’eau douce — une drac ou quelque créature de ce genre — pour s’en convaincre), mais dans un cadre tout à fait historique/documenté. Un mélange de genres que je trouve fort plaisant — quoique les romans historiques ne soient vraiment pas ma tasse de thé habituelle.

#177

Le prochain volume de ma revue, Yellow Submarine (à sortir en juin, si tout va bien), sera consacré aux extra-terrestres & à l’image que nous nous faisons de ces Autres intelligences.

Histoire de me remettre dans le bain de la préparation de ce dossier, je fais un peu d’exploration sur le web… Et justement, un article du dernier numéro de Solaris (la revue québécoise de SF, n°140), m’a mis sur la piste de Epona. Il s’agit d’une planète appartenant au système d’Eridan, qui possède un véritable écosystème et une race intelligente — une deuxième Terre, mais très différente.

Il s’agit d’un projet issu des conférences Contact (donc autour des programmes de recherche SETI), pas seulement un jeu, mais bel & bien un exercice très complet d’exobiologie & de construction de monde, avec une écologie conhérente, scientifique, crédible…

The Epona Project began life as a worldbuilding exercise designed for the CONTACT: Cultures of the Imagination conference in March 1993. Worldbuilding is an activity primarily developed by science fiction writers to give depth and credibility to their fictional stories. At CONTACT, this activity is compressed into approximately 72 hours of conjecture at the end of which the designers hope to have created a sensible sophont in a believable environment. It had been the desire of program track coordinators Dirk van der Elst and Israel Zuckerman that the Cultures of the Imagination (COTI) track be continued beyond the conference in order to deepen and strengthen the background against which the alien would emerge and allow greater detail for the creature itself.

For the 1993 conference, Martyn J. Fogg designed a hypothetical solar system around the known characteristics of the star 82 Eridani. He brought his data to the conference and the preliminary design work done there became known as COTI Mundi. At the end of the conference, Martyn approached Greg Barr, then Chief Executive Officer of CONTACT, and asked for support in continuing the work after the conference and adding more participants to the process.

#176

Revu hier soir l’épisode comédie musicale de la sixième saison de Buffy — et c’est encore meilleur la deuxième fois! Quelle maestria. Un très grand moment de télé. Tout à la fois de l’excellent fantastique, original, de la comédie très amusante, et toujours des aspects sombres/tristes, je ne cesse d’en être étonné.

Si, si: c’est bien de « Buffy the Vampire Slayer » que je parle. Devenue une série télé incroyablement étrange & touchante, formidablement bien écrite.

Dieu sait quand Série Club ou M6 vont diffuser cette sixième saison, en revanche… Et puis j’y pense, hum, y vont être à peine embêtés pour traduire ça, tiens… Que des chansons ou presque… Ils ne vont tout de même pas faire chanter le tout par leurs doubleurs, j’espère?!? Beurk, je déteste les doublages… 🙁

#175

Vu hier soir un chouette téléfilm: Murder Rooms. Pilote d’une série actuelle de la BBC, qui met en scène la jeunesse d’Arthur Conan Doyle & son partenariat avec le professeur Joseph Bell — plus tard inspiration première du personnage de Sherlock Holmes. Ça se déroule en 1878 à Edimbourg, autour d’une série de morts mystérieuses que la police néglige. Le personnage du professeur Bell est joué avec une réjouissante maestria par Ian Richardson (qui avait déjà joué Holmes, dans un téléfilm des années 80 que je n’ai pas encore vu), il a bien des traits d’Holmes avec une personnalité différente, de vieux prof excentrique & génial.

La photo est soignée, le scénar bien fichu: un excellent film holmésien. J’attend avec impatience de récupérer le début de la série — pas diffusée en France, hélas.

Amusant comme le moindre personnage secondaire de la saga de Sherlock Holmes prend de l’importance dans les différents pastiches qui sont réalisés: il y a des romans sur les enquêtes de Mycroft Holmes (le grand frère), sur celles de l’inspecteur Lestrade (une série de comédies à la Wodehouse très marrantes, franchement décalées, où Holmes est en fait un crétin fini), d’Irène Adler (notamment les excellents romans de Carol Nelson Douglas), de Mrs Hudson (alors ça en revanche c’est effroyablement mauvais & ridicule!)… La française Béatrice Nicodème a même publié plusieurs très chouettes petits polars pour la jeunesse, mettant en scène l’un des Baker Street Irregulars. Et bien entendu, Doyle lui-même est appelé à mener l’enquête dans diverses oeuvres…

Mais le plus curieux dans toutes ses incarnations du mythe d’Holmes, c’est sans doute que l’on « récupère » le vénérable Professeur Bell, dans la réalité un simple prof de médecine de l’université d’Edimbourg, pour en faire le real life Sherlock Holmes!

Joann Sfar a commencé chez Delcourt une série de bédé sur le personnage — dont Hervé Tanquerelle va prochainement reprendre le dessin, ouf: je n’avais pas aimé le deuxième tome, et Sfar lui-même a reconnu récemment qu’il ne parvenait pas à « traiter » correctement le dessin nécessaire à une telle ambiance. Avec Tanquerelle ce devrait être bien.

Et maintenant Murder Rooms… Décidément, ma Holmes-mania n’est pas prête à s’éteindre faute de « nourriture »!

Tiens, à propos, ai-je dit ici que j’avais lu un recueil des enquêtes de Solar Pons, par Basil Cooper? Solar Pons est une copie de Holmes réalisée à l’origine par August Derleth — je n’ai jamais eu l’occasion de lire les Derleth (apparemment pas disponibles), mais ai lu l’autre jour à Londres le premier recueil de son repreneur, Cooper. Et… ce n’est pas formidable! De la pâle copie. Bon, il est amusant de faire la connaissance d’un contemporain d’Holmes qui singe tout de lui (si ce n’est qu’il loge sur Praer Street, donc près de la gare de Paddington, plutôt qu’à Baker Street), mais c’est vraiment du Holmes au petit pied: les enquêtes sont assez routinières, sans envergure, et finalement assez prévisibles pour l’amateur d’Holmes. Ne parvient pas qui veut à faire un pastiche d’Holmes vraiment réussit! Il y a une alchimie délicate & subtile, pour parvenir à transcender de simples enquêtes… Et un autre point d’achoppement est le rôle de Watson: en faire un abruti ne fonctionne pas, selon moi… C’est aussi ce qui m’agace dans les films avec Basil Rathbone, par exemple: son pauvre Watson (Nigel Bruce) est vraiment trop lourdingue…