#348

Lu: Interstate Dreams de Neal Barrett, Jr. (roman datant de 1999).

Lorsqu’explosa l’hélico à bord duquel il se trouvait, durant la guerre du Viet-Nam, Dreamer se retrouva le seul et unique survivant. Traumatisé à vie par l’horreur de cet événement — lui qui était pilote et aimait tant les avions frémit rien qu’en en voyant passer un dans le ciel, désormais.

Mais parmi ces séquelles il s’en trouve une de… pas banale, disons! Dreamer voit des couleurs, il sent des couleurs. Des couleurs qui lui emplissent la tête, lui servant de perceptions et presque de mode de pensée. Ses « couleurs » ont notamment une bien curieuse particularité: elles rendent Dreamer parfaitement immunisé contre tous les systèmes électroniques.

Il suffit que Dreamer agence ses couleurs d’une certaine manière, dans sa tête, pour qu’ensuite les systèmes électroniques l’oublient complètement. Aveugles, sourds et muets: alarmes, serrures, compteurs, caméras, rayons laser, etc.

Dreamer est donc un cambrioleur parfait! Non pas qu’il ait besoin de ça pour vivre: il s’est ouvert à Austin, Texas, une petite boutique de vente de poissons tropicaux d’aquariums, qui vivote. Mais ladite boutique s’est avérée bien pratique lorsque Dreamer a décidé qu’il s’ennuyait! Et que pour rompre son ennui il s’est mis à se prendre pour un justicier de la nuit — enfin, une sorte de Robin des Bois, en tout cas, mettant ses services de cambrioleur parfait à la disposition de causes intéressantes, genre cambriolage de la propriété d’un très riche et très puissant escroc. Les aquariums sont ensuite là pour blanchir l’argent illégalement (mais jouissivement) gagné.

Hélas, ses talents ne passent pas exactement inaperçus. Une certaine personne s’est même fait une spécialité de ne rien laisser passer qui puisse lui servir: le maffieu Mako Binder. Qui vient donc parfois acheter des poissons à Dreamer…

Lequel Dreamer se retrouve dans de beaux draps lorsque sa petite amie, la pute étudiante en droit Eileen, le convainc de répondre à une offre d’un autre fameux maffieu, plus important encore de Mako Binder: Gus Brauweiler. Qui possède la moitié du Texas, et une bonne part de plusieurs autres états. Et qui voudrait que Dreamer dérobe pour lui… Un avion! Histoire de l’ajouter à sa collection. Pauvre Dreamer, lui qui a la nausée rien qu’à voir un zingue… Pauvre Dreamer, qui ne sait pas résisté à la beauté des filles et quitte la résidence avec la très très jeune et très très belle Cindy. Pauvre Dreamer, que surveille de près le flic Asher.

Tout se dérègle: Cindy disparaît — enlevée? Par qui? Est-ce par l’escroc Mako Bidner, par son complice le scientifique magouilleur & lâche Halloran Horn, ou encore par Gus C? En tout cas, la femme de se dernier, l’énergique & lesbienne Mary Lee, n’est pas contente, vraiment pas: parce que prostituée ou pas, Cindy est sa petite soeur!

Le flic Asher n’est pas content non plus: il avait prévenu Dreamer de ne pas s’approcher du gang de Brauweiler, et d’en éloigner Eileen. Mainetannt il se retrouve à couvrir clandestinement les arrières de Dreamer, dans l’espoir de chopper un des trois big boss locaux…

Et Mako Binder n’est pas content non plus, furieux que Brauweiler marche sur ses plates-bandes…

Et la petite Diane a disparu aussi: il s’agit de la très précoce gamine de Horn. Qui connaît Dreamer pour l’avoir gentiment surpris lors d’un cambriolage et l’a fait son chevalier. Mais Dreamer est-il bien un chevalier, est-il le Green Hornet comme il rêverait?

Un roman totalement loufoque, pas sérieux pour un sous, au style incroyable, en paragraphes courts tissé de métaphores outrées. Bourré de personnages (il y en a sans doute un peu trop, et aucun n’est réellement étoffé: j’avais tendance à confondre en particulier les trois boss escrocs), de visions hallucinées, de magie (pas beaucoup mais un peu, avec le personnage de Mama Lucy, voyante extra-lucide noire, dont certaines révélations vont être communiquées télépathiquement à Dreamer et à son neveu), d’arnaques invraisemblables, de courses-poursuites, de culot.

Il a hélas les défauts de ses qualités: trop court, trop rapide, trop tiré par les cheveux, persos pas développés et pas tous très nécessaires, bouts d’intrigues qui traînent, style clinquant par endroit un peu dérisoire… Pour être très amusant et fort bien écrit, ce divertissement déglingué me semble tout de même parfaitement vain et un peu trop mal fichu…

#347

Matinée de travail, plaisante: nous nous sommes entendus, avec mon dessinateur Patrick Larme, sur la trame principale de notre deuxième album.

Car le premier est à peine terminé (pas tout à fait: encore quelques retouches de couleur & la réalisation de la couv), que nous devons déjà mettre en chantier le tome suivant.

Je pense qu’en janvier, lorsque cette bédé sera parue, j’irai poser une annonce à l’école Émile Kolh (juste en face de chez moi), afin de chercher un ou des autres dessineux — je veux tenter de lancer d’autres bédés, car cette voie d’écriture me semble la seule susceptible de me nourrir, un jour peut-être. Le scénario de bédé est une activité assez bien payée, rien à voir avec les misérables clopinettes que l’on peut grapiller en écrivant de la fiction ou des articles. Alors, ai-je un avenir dans ce domaine? Nous verrons cela. C’est en tout cas une voie qui demande à être explorer, je crois.

#346

À propos de mon expérience d’écriture/publication en ligne, le citoyen Fabrice dit qu’il « s’avère au final être un exercice littéraire particulièrement délicat car les retouches ne sont pas vraiment possibles. »

Hum, I beg to differ: je retouche bel & bien. c’est même un des aspects plaisants de cet exercice. La lecture en ligne m’offre un nouveau regard sur mon propre texte, que je réécris donc (légèrement) à volonté. Certes, mes quelques lecteurs ne doivent sans doute pas s’en rendre compte, mais je procède néanmoins à des « ajustements ». Il serait d’ailleurs grand temps que je copie/colle tout ça sur mon fichier d’origine…

Cette nouvelle, Passage, a une histoire un peu étrange: le début (ce qui correspond aux deux premiers « posts » sur le blog) était un rêve. En me réveillant un matin, j’avais en tête tout ce texte: je m’étais donc précipité sur l’ordi afin de tout noter, avant d’oublier. Et bien m’en avait pris! Car j’avais ensuite filé au boulot… et n’y avais plus du tout songé.

Vraiment plus: près d’un an après, farfouillant dans les fichiers des nouvelles inachevées de ce cycle, je vis que quelque chose se nommait « Passage », tiens, de quoi s’agissait-il? Surprise: mon début de texte, rédigé un matin alors que j’avais encore la tête dans le coton! Depuis cette redécouverte, l’envie me démangeais de la finir… J’en suis maintenant presque arrivé à la fin du texte rédigé: désormais, sans filet, il va falloir que j’écrive au jour le jour. Encore une expérience plaisante liée à ce blog d’un type un peu particulier. Fort heureusement, je sais où je vais avec ce texte — reste à voir si je vais y parvenir?

#345

Vu depuis l’autobus…

Au-dessus du clocher évasé de l’Hôtel-Dieu, un nuage d’un blanc lumineux se pose, prend la pose, au sein du gris sombre des cieux. Il s’effiloche par le bas, se fondant sur son voisin cendreux comme en quelques trainées de pinceau plat.

Au devant de cette scène, une péniche jette une note claire, jaune vif & vert acide, sur les eaux de plomb du Rhône.

Que j’aimerais être peintre.

#344

And once again: un autre ami vient de mettre en ligne, après quelques jours de tâtonnement, son propre weblog. Bienvenue donc au citoyen Guillaume et à sa Lune en feu. 🙂

Et je suis heu-reux: je viens juste de recevoir les stocks du nouveau Yellow Submarine, le dossier « extraterrestres ». Il est beau! Après un an d’absence pour cause de déboires éditoriaux, ça fait plaisir de renouer avec ma propre revue… (je prépare l’expédition aux abonnés/collaborateurs, la mise en vente en librairies sera le 28 de ce mois)