#453

Ce matin je suis allé à mon mariage. Je n’ai pas vu mon épouse, dommage, mais qu’importe après tout: il s’agissait d’un mariage d’argent.

Et de l’argent, sa famille en avait! Ce manoir, quasiment un château, et ce parc, incroyable! Une demeure si immense que je me perdais un peu dans les enfilades de pièces — croisant Éric Vial dans un couloir, marchant à grands pas en parlant haut dans un téléphone portable. Dans une chambre, mon frère Étienne et mon copain Fabrice Méreste discutent aimablement, très élégants dans leur frac noir. Enfin je rejoins une sorte de vestibule carrelé, où l’on me présente quelques cousines de ma femme. Olivier est là, assis sur un buffet bas, il drague éhontément deux jeunes frisottées gloussantes, encore des cousines.

Au dehors la garden party bat son plein, il y a de grandes tentes blanches un peu partout dans l’herbe, les invités vont et viennent, sous une tente un cousin de mon épouse (un petit gros, brun) chante un truc celtique avec un affreux accent pied-noir. Je croise Pierre Stolze. Désordre bon-enfant, je croise mon cousin Yves, petits fours & herbe foulée, quelques bouleaux frêles au sein des toiles blanches, au-delà de la pelouse de grands arbres sombres.

Dans la grande salle au rez-de-chaussée du manoir (comme une sorte de galerie des glaces), mon beau-père, un bel homme très droit aux cheveux gris, fait un petit discours puis me passe le micro. Dans la foule assemblée, autour de petites tables rondes, se pressent familles & amis — j’entends Olivier pouffer à une bêtise que vient de lui raconter Philippe Claerhout. Deux cousines (encore) se lèvent et vont faire un petit récital de chansons sud-américaines, avec un cousin à la basse.

Commotion dans l’entrée: je me précipite pour aller voir, mais ce n’est rien — ma belle-mère (une grosse femme brune aux cheveux frisés trop longs), un peu pompette, s’est cassée la figure sur les marches du perron. Le majordome essaye de la relever mais elle l’injurie. Je pars sur la pelouse, en riant aux éclats.

Mon grand regret: je me suis réveillé avant le concert de XII Alfonso. Zut alors.

#452

Steampunk in real life

Il existe dans les collection du London Museum un curieux automate, l’un de ces astucieux joueurs d’échecs qui firent l’admiration du XVIIIe et du XIXe siècle. De manière fort amusante, le commentaire du musée ajoute à l’aura de mystère d’un tel objet — en précisant que lors du don, les héritiers de cet objet en retirèrent une pièce précise, inconnue, qui en permettait le fonctionnement.

Outre que je me demande si l’on verrait en France un musée faire preuve d’un tel humour pince-sans-rire dans un panonceau officiel de commentaire, j’admire l’astuce d’une telle affirmation — parvenant ainsi à renforcer la fiction selon laquelle ces automates du temps jadis possédait un élément mystérieux qui leur conférait quasiment une âme, ou du moins une intelligence. On songe au beau roman de Colin & Gaborit, Confessions d’un automate mangeur d’opium

L’essayiste Tom Standage vient de publier The Turk (The Life and Times of the Famous Eighteenth-Century Chess-Playing Machine), une étude sur l’un des plus fameuses de ses machines, ancêtres des IA auxquelles rêve notre science moderne.On peut en lire ici quelques extraits.

Et l’on se rendra ici pour visionner la vidéo du fonctionnement d’une de ces fascinantes mécaniques, un cygne en argent qui fonctionne encore (quoique devenu trop fragile pour être souvent mis en marche).

(source: Neil Gaiman)

#451

Lectures? L’habituelle boulimie…

To Hold Infinity de John meaney (un space op post-cyber anglais, sympathique quoique finalement assez ordinaire dans son genre) & All This IS So de John F. Roe (un colossal & terriblement ennuyeux pavé de fantasy new-ageuse, dont la vacuité ne semble avoir d’égale que la prétention pseudo-philosophique) — ces deux-là étaient des lectures pour un éditeur —

Débuté Infinite Riches & In Arcadia de Ben Okri: le premier relevant du merveilleux, le second de l’étrange, dans les deux cas de cet étonnant réalisme magique teinté de culture africaine que sait si bien pratiquer Okri, écrivain nigérien. Un peu trop bavard à mon goût, souvent sentencieux, limite mystico-new age… Et cependant très beau, car parvenant justement à demeurer du « bon côté » de cette limite…

Apprécié Night Watch de Stephen Kendrick: une enquête de Sherlock Holmes, cette fois assisté par le jeune Père Brown (le personnage de Chesterton). Tendu, parfaitement mené, d’un style remarquable, il s’agit d’un « pastiche » d’une grande beauté & élégance.

Terminé L’Art à l’état gazeux de Yves Michaud: beau démontage des mécanismes de l’art contemporain, une analyse amusante & (im)pertinente de notre société face à l’art.

Savouré une édition intégrale, dans un très grand format, des enquêtes de Max Carrados, le détective aveugle d’Ernest Bramah. De tous les « rivaux de Sherlock Holmes » qu’il m’ait été donné de lire, c’est sans nul doute celui-ci qui est le meilleur, à la fois le plus convaincant (affaires complexes & jamais triviales) & le plus littéraire (beau style, veux-je dire).

#450

Claire again… Tant qu’à faire le fan: une autre petite scène du pilote, très amusante/touchante… Ah, « My So-Called Life »: 19 épisodes de délicate perfection…

JORDAN: This doesn’t seem like a Friday.

ANGELA: It’s Thursday.

JORDAN: Oh… Are you sure?

ANGELA: Yesterday was Wednesday, so…

JORDAN: Oh right…

ANGELA: So… That’s how I Know.

#449

A tribute to Claire

Ah, Angela! My So-Called Life: aisément la plus géniale, attachante, bouleversante, série télé pour ados jamais écrite & réalisée… Nous avons encore revu le pilote l’autre soir… Citations d’une scène!

RAYANNE: So Rickie, Angela is in love with Jordan Catalano. We have to help her.

ANGELA: Rayanne!

RAYANNE: On come on! I can tell Rickie. You got to come to Tino’s tonight. He’ll be

there.

ANGELA: He doesn’t even know me. Am I making a fool of myself?

RAYANNE: I don’t know. Rickie, give us the male perspective.

RICKIE: Don’t you love how he leans?