#470

Noté le vendredi 12 septembre

L’arrogance & le mauvais goût des nouveaux riches serait donc une constante de l’humanité? Blenheim Palace tend à le prouver… Imaginez, en pleine campagne anglaise, lové au sein d’un sublime écrin naturel, de grosses colonnes carrées & lde grands murs jaunes érigeant un monument au mauvais goût. Une sorte de maison bourgeoise à la triste prétention surdéveloppée: voilà ce qu’est Blenheim, résidence du Duc de Marlborough. Qui ne vaut guère que pour son parc.

Un parc comme une vision arcadienne de pelouses doucement vallonnées & parfaitement tondues, de lac à la surface seulement ridée par quelques oies du Canada, de pont XVIIIe en pierre jaune & de bosquets artistiquement épars. Un cavalier fait caracoler sa monture au flanc d’une douce prairie. Quatre cyprès montent la garde. La petite tête noire d’un foulque émerge parfois hors de l’eau, un menu poisson dans le bec. Le choucas sautille en biais, circonspecte quoique intéressé par quelques bouts de toasts. Un panneau précisait: interdiction de nourrir les oies & les canards. Il n’était pas fait mention des corbeaux.

Pour ce qui est du palais en revanche, bad taste through and through: laideur d’autant plus pesante qu’elle est prétentieuse, froideur absolue & morgue inconfortable. Seul intérêt du palais: son petit musée consacré à Sir Winston Churchill, le grand homme des lieux. Le reste est, au mieux, comme cette eau (non minérale) locale vendue à la boutique: parfaitement insipide.

Le petit train pour se rendre au labyrinthe & à la serre me rappelle irrésistiblement un épisode des Avengers… En chemin (de fer), admiration des chênes sculpturaux & arthritiques, si vieux qu’ils se tordent tels des ruines archéologiques.

Visite délicieuse de la serre aux papillons (Butterfly House), où des papillons volètent en liberté autour des visiteurs, au sein d’une végétation exotique en fleur.

Souvenirs d’Orlando en parcourant le labyrinthe.

Au-delà du parc: Woodstock, un petit village proverbialement endormi — après les herbes folles du cimetière, nous visitons son église, St Mary Magdalene. Une nation de boutiquiers: jamais à cours d’idées mercantiles, voici que les Anglais nous invente le mug-souvenir d’église! Il suffit de poser 3£50 sur l’étagère & de repartir avec sa tasse. Ce que je fis — avant d’encore accroître ma collection de mugs à la quincaillerie du village. En dépit du froid sec de l’atmosphère, les caresses du soleil à l’arrêt de bus me donnent une délicieuse envie de somnoler. Le temps semble avoir arrêté son cours, Woodstock est irréel, arrêt sur image.

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