#552

Un plaisir délicieux: j’ai regardé « Speedy Death », le premier téléfilm d’une série policière britannique (inédite en France, comme bien souvent): The Mrs. Bradley Mysteries.

Lisant il y a quelques mois un numéro de la revue Génération Séries, et y ayant trouvé un article qui pour une fois était rédigé par quelqu’un sachant écrire, monsieur Schleret, grand connaisseur de polar, je n’avais pas manqué de repérer qu’il citait une série actuelle dont le rôle principal se trouve tenu par rien moins que… Diana Rigg! Aussitôt, j’avais été mener une recherche sur amazon.co.uk — infructueuse. En désespoir de cause, j’avais également été consulter amazon, et bingo: PBS, la chaîne publique américaine, a bien publié deux DVD reprenant l’intégrale de cette (courte) série.

Deux mois plus tard, les deux DVD sont enfin arrivés. On ne dit pas assez, d’ailleurs, quel combat acharné mènent contre les méfaits de la mondialisation les services postaux du monde entier! C’est certain: la mondialisation ne passera pas par l’acheminement transatlantique du courrier…

Il y a quelques années, j’avais adoré un film de Robert Altman, Gosford Park. Terriblement anglais. Eh bien, j’en ai retrouvé tous les ingrédients, et tout le plaisir, dans les 90 minutes du premier épisode de Mrs Bradley. Jusqu’à l’inspecteur qui n’est pas sans faire penser un peu à la performance de Stephen Fry chez Altman. Le chauffeur de Mrs Bradley (Neil Dudgeon) est un délice de flegme anglais. L’intrigue est savoureusement tortueuse — avec une splendide surprise d’entrée (figurez-vous que le premier mort est en fait… Ah mais non, je ne vais pas vous dire!). Les décors et l’image somptueusement travaillés (là, on pense plutôt à des productions Marchant-Ivory).

Quant à Diana Rigg… Toujours divine, bien entendu. Drôle, piquante, cynique, mais aussi tendre & touchante. Car il n’y a pas que du rire dans ce film, mais également des moments poignants & une fin douce-amère, le tout agitant l’air de ne pas y toucher des questions sur la condition féminine (la série se déroule dans les années 1920).

Enfin, bonus adorables, on a droit à la présentation de l’émission par Diana Rigg, ainsi qu’au générique du show — rien moins qu’une animation par Edward Gorey!

Vous l’aurez compris: je suis sous le charme.

#551

Vous avez entendu Perben, hier sur i-télé? « Les pôôvres ». Il en avait plein la bouche, des « pôôvres ».

Et la semaine dernière, tout le milieu éditorial parisien de célébrer en fanfare la plus grande dictature du monde. Année de la Chine: génial.

Mais bientôt il faudra se taire: la LEN (Loi de confiance dans l’Economie Numérique) a été adoptée en seconde lecture par l’Assemblée Nationale. Ce texte signifie:

Que nos courriers électroniques ne seront plus considérés comme de la communication privée, ce qui leur retire le droit à une totale confidentialité qui leur était jusqu’alors reconnu.

Que les hébergeurs se voient imposer une obligation de surveillance par défaut de toutes vos données stockées et transférées sur le réseau, qu’il s’agisse de vos sites web, vos interventions sur des forums, des espaces de discussion en direct, etc.

Que les fournisseurs d’accès devront participer à la censure a priori des contenus visibles en mettant en place des outils de filtrage dont il est notoire qu’ils n’empêcheront pas seulement d’accéder à des contenus illégaux.

Aujourd’hui les fournisseurs d’accès eux-mêmes, au travers de l’Association Française des Fournisseurs d’Accès, soulignent le caractère totalitaire de ces nouvelles mesures, proposent une pétition en ligne et appellent à la mobilisation, allant jusqu’à menacer de fermer leurs services en guise de protestation.

Il n’est pas trop tard pour agir car cette loi, au-delà de son caractère anticonstitutionnel, va au-delà et à l’encontre de la législation européenne (le projet de Loi doit passer devant le Sénat les 6 et 7 avril 2004 pour devenir définitif).

#550

De nouveau sous le charme: revu hier soir le dessin animé coréen Mari Iyagi… Du pur merveilleux…

Tiens, je me cite moi-même: « Graphiquement, on se croirait un peu dans un album du Père Castor des années 60: des aplats de couleur, un dessin naïf sans trait, des effets de manque de perspective — le tout allié à une 3D parfaitement fluide, cela donne des effets paradoxaux étonnants, d’une rare grâce esthétique. Quant à l’histoire… Lente, contemplative, doucement nostalgique, emplie d’une magie subtile qui doit à la fois aux tableaux surréalistes, à Totoro, à l’Histoire sans fin, à Peter Pan — et par-dessus tout au graphisme pour enfants des sixties… »

#549

Bourré ras-la-gueule de superbes & passionnantes citations sur la ville, L’Invention de Paris me surprend par son aspect plus « anthologie » qu’ouvrage d’analyse personnelle — au point que je m’étonne presque que l’éditeur ait osé un tel livre, au mépris des lois sur le pourcentage de citations dans une oeuvre… M’enfin peu importe, ou plutôt: tant mieux, car c’est là une somme étonnante, riche, passionnée. Le seul problème qu’il me pose, très égoïstement, c’est que je réalise une fois de plus ne pas bien connaître Paris. Ç’en est au point où il me faudrait lire cet ouvrage une carte à la main… Pas assez parisophile, je ne capta assurément pas tout le sel du travail d’Hazan.