#591

Paris encore. Cour carrée du Louvre, une sourde chaleur monte des pavés mais ne me parvient que par bouffées tendres, juste une caresse en rappel du soleil tandis que je profite de la fraîcheur portée par l’ombre de la façade. Effleurant du bout des doigts la grise rugosité du banc de pierre, je contemple moins la fontaine & les colonnes que je ne repense à ma journée précédente. Le regard vers l’intérieur: le voyage en TGV ; l’attente devant l’Élysée-Montmartre pour un rendez-vous, le dos contre un patane & la tête dans un polar ; les auto-tamponneuses (ou bien, dit-on maintenant « tamponnantes »?) & les mômes trop vieux pour un tel amusement, les jambes établées devant eux ; la terrasse d’un café & le serveur cacochyme pas-du-tout-glotte qui sert n’importe quoi.

Brève visite du musée de la vie romantique: quel hâvre de beauté & de verdure, serré sur sa cour & autour de sa serre, sous de grands arbres. Exposition Famille Rouart, de petits impressionnistes plaisants si pas audacieux. Un tableau tout de même, troublant pour son traitement sombre: deux bateaux fumant noir sur la Seine, dans un décor d’usines crachotantes. De la part de l’inventeur du pneumatique, d’un moteur à vapeurt comprimée & de je ne sais plus quelles autres enchantements techno-steampunks, peut-être était-ce une image du progrès, des merveilles des machines. À mes yeux, ce n’est plus que la fascination des souillures de la Révolution industrielle, cette croyance cruellement naïve, bourgeoisement aveugle, en la technique. Trois Rouart, les Manet, Berthe Morisot… Et à côté, dans la collection eprmanente, George Sand qui trône sombrement au-dessu d’une cheminée. Tout le XIXe siècle, riche & fascinant, terriblement loin des souffrances du peuple. J’aurais aimé un impressionnisme plus engagé, plus citadin. Les rares vues de rues, de villes, de toits, de ponts même, ou de gares, m’enchantent.

#590

Fourbu, épuisé même. Juste rentré de Paris. Les chattes courent en tous sens, contentes de voir leur routine rétablie en ma personne. Le ciel est morose comme je l’aime: gris-blanc avec juste ce qu’il faut de cette tension électrique conférée par l’approche d’un hypothétique orage & un rien d’humidité dans l’air doux. Les hirondelles sifflent, musique typique du printemps lyonnais.

#589

Carnet mondain? La petite Margot Bellagamba est née hier soir. 🙂

Musique? Demain soir, concert de marillion à Paris — chic, chic! Marbles est renversant, bouleversant, c’est le chef d’oeuvre que l’on n’attendait plus tout à fait.

Vie nocturne? L’autre matin lorsque je me suis réveillé, plus de chatte, Nina avait disparu. Elle ne se trouvait pas dans l’appartement — alors que celui-ci était bien évidemment fermé. Par quel mystère? Mais si: la fenêtre de ma chambre. Nina avait sauté sur le toit en face durant la nuit. Il y a une sacrée distance, et jamais elle n’avait fait ça, elle qui a parfaitement le droit de sortir (par la porte) quand elle le veut. Descendant chercher le courrier, je trouvai l’adorable chat du voisin. Dring, je réveillai ledit voisin, tout surpris de trouver son matou dehors — il avait du sauter par la fenêtre! Eh bien, quelle vie trépidante, ces félins. Pas tranquille tout de même, je me demandais si j’allais bien revoir ma bête. Ce fut le cas, en fin de journée: fourbue, grise de poussière, traînant la patte à force de fatigue, Nina se glissa dans l’appartement sans un bruit, pour aller piquer une roupillon visiblement bien nécessaire.

Écriture? Je termine de peaufiner la rédaction d’un gros article sur les écrivains de fantasy de Minneapolis (où curieusement est né le principal du mouvement de renouveau du genre depuis les années 1980), et Ellen Kushner vient de m’indiquer un très agréable papier sur le sujet.

#588

Beaucoup de boulot (écriture/peaufinage des derniers articles pour mon hénaurme Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux) avant d’aller baguenauder à Paris en fin de semaine (aah, un concert de marillion, chouette!), d’où silence relatif sur ce blog, mais allez donc voir sur ActuSF: je m’y suis fait interviewer en guise de lancement officiel de ma maison d’édition, les moutons électriques.

Et si le site n’est pas encore en ligne, en revanche le Panorama est d’ores & déjà en souscription — jusqu’à la fin août, 31 euros au lieu de 39 à parution. Qu’on se le dise! Chèque à l’ordre des moutons électriques, 245 rue Paul Bert 69003 Lyon.