#634

Un correspondant, bibliothécaire à Marseille, m’a envoyé la photocopie d’un intéressant article de Roger Bozzetto: « William Morris et la naissance des mondes de fantasy ». Paru dans une revue universaitaire de Valenciennes.

Très intéressant, oui, car primo il n’est pas si fréquent que la critique en général, et les universitaires en particulier, parlent de la fantasy. Secundo, parce que j’y constate avec une certaine satisfaction que Bozzetto aussi utilise volontiers le terme « merveilleux » comme équivalent de « fantasy ».

Là où le bas blesse, cependant, c’est lorsque Bozzetto écrit: « William Morris est considéré par tous les critiques comme le premier écrivain qui ait sciemment composé des textes qui relèvent de ce qu’on désignera comme fantasy. »

I beg your pardon? Tous les critiques? Contre-vérité flagrante, voilà qui est parfaitement absurde: les romans de Morris, The Wood Beyond the World et The Well at the World’s End, datent respectivement de 1895 et 1896. Ce sont assurément des précurseurs de la fantasy.

Seulement voilà: et George MacDonald? Phantastes date de 1858, et Lilith de 1895. Quant à ses romans pour la jeunesse, qui présentent plus fortement encore toutes les caractéristiques de la fantasy telle qu’on l’entend depuis le succès international de Tolkien, ils sont de 1871 (At the Back of the North Wind), 1872 (The Princess and the Goblin) et 1883 (The Princess and Curdie).

Si ce n’est pas de l’antériorité, ça? 🙂

#633

Un joli lien: le site consacré (en anglais) à un ancien éditeur japonais pour la jeunesse. Voilà qui rejoint partiellement mes préoccupations du Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux, mais d’un point de vue exotique. Il y a de vraiment très belles choses — dommage seulement qu’on ne puisse pas agrandir encore un peu plus chaque reproduction. J’adore particulièrement les vues urbaines/industrielles de Yasui Koyata.

#632

Vous connaissez le paradoxe de Zénon?

Eh bien, le bouclage de mon Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux, c’est un peu ça.

Avant-hier, j’ai rentré toutes les corrections d’épreuves d’une amie, & hier j’ai passé toute la journée, 12h/19h30, à regarder la maquette page par page, dans le détail, de manière à rectifier tous les chouias nécessaires. Deux images qui avaient bougé un peu, un titre qui n’était plus dans la bonne police, une note mal séparée, une note à insérer en dernière minute, quelques illustrations à changer et/ou ajouter encore, des virgules nécessaires, les « sir » anglais qui s’écrivent sans majuscule en français, etc etc. À la loupe.

Ne me reste plus, je crois, qu’à recevoir les versions définitives des deux illustrations qui manquent encore (la Tate de Londres s’est fait tirer l’oreille pour m’envoyer la repro que nous leur avons pourtant payé, & Eric Scala doit m’expédier des retouches pour son image), à vérifier le nom de l’auteur d’une couverture, &… ce sera tout. Pour le moment. En attendant le retour de mon graphiste, qui doit tout vérifier à son tour, mais d’un point de vue plus technique, & m’aider à tirer le colossal index.

Il faut que je poste vers le 20 à l’imprimeur le CDR, qui contiendra toute la maquette. Ouf, ce sera un soulagement! J’ai grand hâte d’enfin voir cet ouvrage, le premier de ma maison d’édition. Et en même temps, je ne vous dis pas la trouille que je vais avoir, le jour de la réception des colis…

#631

Faut-il l’avouer? Je n’ai rien compris à « Hérodias » de Flaubert.

L’autre soir, désoeuvré & ayant envie de me sortir la tête de Jonathan Strange & Mr Norell pour changer, j’ai pris les Trois contes de Flaubert. Le soir-même j’ai lu « Un coeur simple », où j’ai retrouvé tout ce que j’aime chez ce cher Gustave: l’incomparable beauté du style, qui me fait m’arrêter à tant de phrases rien que pour en savourer la cadence et l’esthétique; le portrait de la vie quotidienne du XIXe siècle, & certains de ses usages qui nous sont devenus si étrangers qu’ils en acquiert une forme d’exotisme (si proche, si loin); le cynisme corrosif auquel se mêle en dépit de tout une tendresse légèrement amusée.

Dans la nuit, insomnie, j’ai lu « La légende de Saint-Julien l’Hospitalier ». Que je n’ai guère aimé — le style toujours, oui, mais une époque qui ne m’inspire guère & une constante violence, une fascination pour la chasse & la boucherie, le sang & les chairs, qui déjà m’avait passablement déplu dans quelques pages de ses Voyages. Et puis quelle moral, quel but à ce récit? Des passages de bravoure, mais une impression globale mitigée, une histoire vaine (à mes yeux).

Le lendemain matin, vaillamment je m’attaquai à « Hérodias » — et failli bien caler avant la fin, tant m’étaient incompréhensibles cette civilisation, ces individus, ces complots & motivations… Il faut certainement une solide culture antique pour saisir de quoi il est question, culture autrefois basique mais qui aujourd’hui fait défaut. Entre goût antique & orientalisme, une nouvelle devenue opaque, rendue plus irritante encore par la préciosité du style, qui dérape dans la myrrhe, les soies et l’or. Voilà qui renforce ma décision de ne pas lire Salammbô, convaincu que je suis de ne pas apprécier un tel roman.

Tandis qu’en revanche, « Un coeur simple » m’a donné envie de me replonger dans Madame Bovary, abandonné il y a quelques mois.

#630

Depuis longtemps, je suis fasciné par ce qu’à Lyon on nomme la « voie de l’Est »: une ancienne ligne de chemin de fer, abandonnée, qui débutant à la Part-Dieu file pas loin de chez moi, longe Montchat & s’enfonce ensuite dans Villeurbanne.

Il s’agit de l’un de mes lieux de promenade favori, un espace de nature libre au sein de la masse urbaine. S’y déroulait une bonne part de ma nouvelle « Volage » (parue dans la revue québécoise Solaris il y a quelques années), et récemment encore j’y fis une petite balade de nuit. Las, cette longue ligne d’herbe folle, de fleurs sauvages, de gravas, d’anciens jardins, de gares désaffectées & d’usines aveugles — ces rails en jachère —, trouveront bientôt un nouvel usage.

Lyon. DUP et premiers travaux pour Léa.

Début juillet, les travaux de déviation de réseaux ont commencé sur le tracé du futur tramway Léa (ligne de l’est de l’agglomération lyonnaise: 10 arrêts sur 14.7km) qui doit relier, en octobre 2006, la Part-Dieu et Meyzieu sur l’emprise de l’ancien chemin de fer de l’Est-lyonnais. Un démarrage rendu possible par la déclaration d’utilité publique du 21 juin, assortie de deux réserves visant à faciliter la traversée des voies par les automobiles. Les travaux de la construction de la ligne commenceront cet automne.