#513

Villégiature azuréenne (1)

Quatre grands blockhaus blancs se contemplent en chiens de faïence, juchés sur les créneaux de leurs murailles de terre cuite rouge. Irrégulièrement percés de petites ouvertures, ils affirment la pureté de leurs lignes, tandis qu’entre eux jouent les courbes d’un cheval de Nikki de St Phalle, couvert de miroirs, & d’un Calder oscillant: le musée d’art moderne & le théâtre.

À Nice. Juste derrière chez mes hôtes…

Car après l’agrément d’un nouvel an en Provence, j’ai rejoint l’azur de la côte, à bord d’un gros car bleu outremer. Les pins parasol, les entassements cannois, la mer d’un cobalt brisé en milliers de facettes métalliques, le ciel glissant indistinct d’une brume parme au turquoise ourlé de rose de la fin de journée, les immeubles kitschs face à la grande eau, le bulbe du Negresco doré à l’or du soleil couchant & les troncs chocolat des baobabs tordant leurs branches en motifs Art Nouveau… Puis l’immensité ocre de la Place Masséna que dominent les guirlandes tendues sur de hauts mats comme les décorations d’un site sacré mésopotamien & la grande roue qui brille or & bleue sur le jour finissant.

Promenade nocturne: les ruelles étroites aux pieds taggés, la façade baroque de la cathédrale, la fragilité des balcons, les squares endormis, le visage austère de l’hôpital, les volutes de la Poste, l’outrecuidance coloniale de la Préfecture, le faste à la Orsay de l’Opéra, la longue avenue au charme entre Rome & Los Angeles, & la gifle glaciale qui cingle depuis cet immense abîme noir, la mer, respirant au bord du sable en un ourlet blanchâtre.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *