#773

Contributions de Thomas Day (auteur du roman Resident Evil) à un nouveau Dictionnaire des idées reçues:

ESTHETIQUE: « Remarquons pour finir que l’objet-livre est inattendu mais plutôt séduisant (à dire vrai, trop pour être commercial) ».

LECTORAT: « Le gros des lecteurs actuels de SF/fantasy — qui veut de l’aventure et de l’action (réalité du marché, s’il en est) ».

#772

Le travail fatigue, même lorsqu’il est très plaisant, et c’est bien une des contingences humaines les plus ridicules. La fatigue qui pique les yeux, lance de vagues douleurs dans le dos, rend las alors même qu’on n’a pas envie de dormir, alourdit jambes et bras, enbrume la tête… Sans aller dire avec Coluche que le travail est mauvais pour la santé (« La preuve, il y a même une médecine du travail »), disons qu’il faut parvenir à équilibrer le temps de travail et celui de repos, ce qui n’est pas forcément aisé lorsque l’on travaille chez soi — et que le boulot à avancer est en quantité importante, rapport à ma semaine prochaine de vacances dans le sud de l’Angleterre! (J’aime bien ce « rapport à », langage de gendarme de bédé) Les trouble du sommeil n’arrangent rien. Et dormir m’est rarement facile. Mais enfin, bien sûr, je ne me plains pas de ma situation: je suis heureux de faire ce que je fais. Sur cela, pas de doute. Pourtant, la plupart des fins de journée me trouve fatigué, d’une grande lassitude qu’une douche ne transforme guère qu’en sorte de relaxation piquetante, comme une vibration en sourdine dans tout le corps.

Il y a la fatigue de l’écriture de fiction: la tension de l’évasion en soi, de l’attention aux détails, du ressenti des atmosphères à rouler sur une langue méditative. Il y a la fatigue de l’écriture d’essais et de chroniques: l’effort de regroupement des idées, la frustration de la nécessaire densité (que j’aimerais avoir la place de m’étendre, de disserter longuement), les limites personnelles, les limites contextuelles. Il y a la fatigue de la traduction, plus mécanique, entraînée par les rouages d’un texte qui ne vous appartient pas. Il y a celle aussi de la maquette, entre excitation et minutie, avec la lenteur informatique et le scintillement de l’écran. Il y a celle enfin de la (re) lecture, des textes proposés et des traductions à vérifier, où l’attention doit être aiguë, alors que ronronne toujours le monologue intérieur.

Pour paraphraser une formule d’Assouline, j’écris parce que je n’ai pas la force de caractère de ne pas le faire. Reste à savoir pour qui j’écris. La solitude tend souvent à me submerger, cette solitude constante qui est le joug contre lequel je dois lutter en permanence. Il me faut tout le temps me réconcilier avec moi-même, me supporter avec mes impatiences, mes doutes, mes crises d’angoisse, mes désirs lancinants, mes amusements, mes ricanements, mes éblouissements, mes tensions, mes éparpillements, mes lassitudes… Comme le disait l’assassin Lacenaire, dans Les Enfants du Paradis: « Les fous, ils me disent de surveiller mes fréquentations et ils me laissent seul avec moi-même! ». Un « moi-même » biaisé sur ce blog: seul mais parlant à d’hypothétiques autres, supposant le monologue égoïste d’un journal intime alors qu’il s’agit en fait de penser à haute voix, donc d’être un peu entendu.

#771

Ce que je regrette, dans cette campagne référendaire — outre le fait que l’on nous interroge sur un texte que l’on ne nous fournit même pas, ce qui me semble assez… paradoxale, disons — c’est particulièrement que le camp du « oui » soit si peu explicite, ne développe, me semble-t-il, que peu d’arguments constructifs et pédagogiques. Quel équivalent oui-ouiste aux longs dossiers documentés de l’Huma sur le « non »? Et ce n’est pas l’abominable politologue d’i-télé (chaîne que j’aprécie beaucoup, par ailleurs), Dominique Régnier, qui risque de me convaincre, lui qui ne manie guère que l’invective et le culpabilisme.

Heureusement, un gentil lecteur vient de me fournir l’adresse d’un blog pro-oui très intéressant, de commentaire sur la constitution et le référendum.

#770

L’Internationale Superstition exhulte: quelle colossale campagne de com! Au moment où j’écris, seize chaînes de télévision, dans mon bouquet numérique, transmettent le même programme. Et tous les journalistes de se découvrir catholiques, dirait-on: pas un propos discordant. Sauf dans un petit coin de l’Humanité. Une chronique de Jean-Pierre Léonardini, hier, drôle et méchante — et juste.

« La pompe vaticane qui promène dans les rues un cadavre mitré aux fins d’idolâtrie, sous les mille yeux des caméras, lesquelles constituent l’Argus moderne, transformant en un clin d’oeil la planète en une gigantesque confiserie en dévotion. « 

#769

Un texte assez clair quant à des raisons pour le « non » à la constitution européenne. Ce n’est pas une démocratie, qu’on nous prépare? J’aimerai entendre plus clairement des arguments constructifs du « oui » — qui se cantonne trop à l’alarmisme et au « si vous votez non z’êtes un facho/un irresponsable ».