Archives mensuelles : juin 2009
#1657
Je parles assez peu de musique sur cette page — mais la musique constitue pourtant un élément important de ma vie. Pas un domaine dans lequel je suis investit créativement, je ne suis absolument pas musicien, mais un domaine où je suis purement… peut-on dire « contemplatif », pour de la musique? En tout cas, j’écoute, je complète mes collections, j’échange avec la seule personne que je connaisse qui partage mes goûts en la matière… Et parfois, je vais à des concerts. Le problème, c’est que ce qui m’attire le plus en musique, c’est le jazz-rock: vraiment pas un musique de djeun’s, exactement l’inverse, même. Samedi soir, je me trouvais donc à un double concert hommage à un vieux génie récemment disparu, le bassiste Hugh Hopper.
Première partie très belle et touchante, par Sophia Domancich, Simon Goubert, un excellent sax que je ne connaissais pas (Boris Blanchet), et… John Greaves à la basse à la place de son ami Hugh Hopper, John Greaves qui n’avait certainement plus tenu une basse durant tout un concert depuis des lustres. Superbe.
Deuxième partie plus froide et tonitruante, pas les mêmes effets, par une troupe menée par Jean-Rémy Guédon, avec entre autres Serge Adam à la trompette, un très jeune bassiste remarquable et bâtit comme un bucheron, et Didier Malherbe en invité surprise. De très beaux passages où l’ambiance douce du jazz de Canterbury était admirablement rendue, et puis d’autres plus jazz classique où ils perdaient un peu de vue les thèmes, mais tout cela était fort, émouvant — et puis, qui jouera encore cette musique, maintenant que Pip Pyle, Elton Dean et Hugh Hopper sont partis?
#1656
Sans doute est-il temps que j’aille prendre un peu d’air — fut-ce celui de Paris, où je monte pour le week-end. Je me sens lourd, ces temps-ci, et j’avance trop lentement à mon goût sur Harry comme sur Kirby. Deux jours parisiens, alors, samedi pour le concert en hommage à Hugh Hopper, et puis dimanche j’irai dire bonjour à mon camarade Ugo, en dédicace à la librairie Scylla. Deux rendez-vous boulot aussi, quand même. En attendant, j’ai posté aujourd’hui les exemplaires souscripteurs et auteurs de Glissements, la petite anthologie du sixième été des Moutons électriques. Retard d’une bonne semaine, suite à une erreur du transporteur — les trois colis ne sont arrivés que ce midi, après réclamation de ma part. Elle est jolie, cette antho. Exactement comme je la voulais, notamment grâce à la belle créa de Seb Hayez en couverture. Et grâce à la gentillesse des auteurs concernés (Mauméjean, Daylon, Hugues, Mucchielli, Henry, Rey, Crowley, Morgan et Lehman).
#1655
Oué ! Christine Albanel est virée. Voilà un remaniement qui me fait plaisir. Aucun avis sur Frédéric Mitterrand, mais il n’aura guère d’efforts à prodiguer pour être plus sympathique, et maîtrisera certainement beaucoup moins bien la langue de bois.
Et pendant ce temps, Hadopi avance à grands pas, avec une nouvelles batterie de mesures judiciaires répressives encore plus iniques…
#1654
Il y a peu, j’ai reçu en service de presse un exemplaire de 100 chefs-d’oeuvre incontournables de l’imaginaire, chez Librio, un mince guide de lecture concocté par Jérôme Vincent, Éric Holstein et Thibaud Eliroff. Je me demande un peu à qui cet érudit fourre-tout peut bien s’adresser, mais la sélection, pour sa part, me semble très satisfaisante — pleine d’heureuses surprises, telles Le Diable amoureux de Cazotte ou Simulacron 3 de Galouye.
Là où j’ai tout de même un regret, c’est concernant J. K. Rowling… Avec tout le respect et l’amitié que j’ai pour les trois compilateurs, dire que la série des « Harry Potter » ne présente aucune originalité ni dans son intrigue, ni dans ses personnages, ni dans son univers, c’est hâtif, et annoncer que le succès vint d’un plan marketing sans précédent, c’est erroné. Le succès naquit du bouche à oreille, pas d’un cynisme mercantile. Et moi qui vient de relire l’intégralité des Rowling presque d’un coup, loupe en main et en prenant des notes, je peux vous assurer que mon admiration pour la dame a encore grimpé d’un cran.
Stylistiquement il n’y a rien à redire (contrairement à la V.F., fautive à quantité de niveaux), et narrativement c’est remarquable. Nos chroniqueur confondent simplicité avec manque d’originalité, mais en fait Rowling est d’une culture sidérante et aucun élément n’est gratuit, elle n’utilise pas des lieux communs mais bel et bien des archétypes, et a nourrit son univers de toute la matière folklorique et ésotérique. C’est d’une richesse réjouissante, en plus d’un humour piquant, d’une vision fort peu politiquement correcte, et d’une solidité de construction remarquable. Loin de la superficialité qu’on lui attribue souvent, cette oeuvre a une profondeur passionnante. Quant aux personnages, s’ils sont bien entendu les héritiers de plusieurs traditions différentes (celles du héros orphelin, de l’apprentissage de la magie et des récits d’école), ils sont aussi étoffés, vivants. Mon amie Isa me disait l’autre soir qu’on ne les voyait pas assez changer, en vieillissant — ce qui n’est pas vrai pour Harry, qui prend de l’assurance et un joli sens de la répartie. Enfin, le casting secondaire, très vaste, recèle quantité de figures que chacun d’entre nous aura pu déjà croiser dans sa vie — Vernon Dursley me fait penser à mon défunt grand-père maternel, le professeur Slugorn au prof de théâtre d’une école que je connais bien, quant à Dumbledore il a pour moi le visage de feu mon mentor Patrice Duvic… Bref, c’est admirable de justesse et d’intelligence. Chapeau.