« Nous chanterons les grandes foules agitées par le travail, le plaisir ou la révolte ; les ressacs multicolores et polyphoniques des révolutions dans les capitales modernes ; la vibration nocturne des arsenaux et des chantiers sous leurs violentes lunes électriques ; les gares gloutonnes avaleuses de serpents qui fument ; les usines suspendues aux nuages par les ficelles de leurs fumées ; les ponts aux bonds de gymnastes lancés sur la coutellerie diabolique des fleuves ensoleillés ; les paquebots aventureux flairant l’horizon ; les locomotives au grand poitrail, qui piaffent sur les rails, tels d’énormes chevaux d’acier bridés de longs tuyaux ; et le vol glissant des aéroplanes, dont l’hélice a des claquements de drapeau et des applaudissements de foule enthousiaste. »
(Marinetti, Manifeste du futurisme, 1909)
Archives mensuelles : février 2010
#1834
Oh, les jours se suivent sans se ressembler — je dois même être un peu schizo, à force. Genre, une journée à boucler des maquettes, une autre à brasser contrats, tableaux et paperasseries diverses, puis une à écrire de la fantasy (un roman jeunesse pour Plon et un livre-jeu avec Colin pour Hachette), puis une autre à travailler avec un auteur sur son bouquin à propos du polar provençal, une journée à lire/annoter la moitié d’icelui, une journée à m’enfouir dans les replis de la compta avec le gérant et le nouveau comptable des Moutons… (éprouvante, cette dernière) Et puis niveau lectures, fini tout le cycle des « Futurs mystères de Paris » de l’ami Wagner, un long morceau de jubilation, et là j’oscille entre un pavé d’architecture de chez Phaedon acheté il y a un bail et un thriller d’Ayerdhal acheté ma foi aussi y’a un bail. Pour ce dernier, étant tombé dans un entretien d’Ayerdhal (un long inédit à sortir dans Voix du futur) sur le moment où il dit que Transparences était plus ou moins né d’une scène de Wagner, une unique image qui avait donné naissance à tout le roman, je me suis dit qu’il était grand temps que je lise ledit roman. D’autant que l’auteur vient d’en rendre la suite. Pas déçu du voyage: je n’en suis pas encore loin, mais cette prose… Un style, un ton, tout en mouvements fluides, ça file, c’est superbe, avec un début de pure poésie en prose, épaté je suis.
#1833
Vu hier soir un étonnant documentaire, datant de 1967: The London Nobody Knows, de Norman Cohen, avec James Mason en présentateur flegmatique et un rien cynique. Je venais de trouver cette référence dans un bouquin sur Londres, il y avait eu un livre, qu’il faut que je me procure, puis ce doc très arty sur l’envers sombre du Londres des swinging sixties. Il y a des théâtres en ruine, les lieux des crimes de Jack l’Éventreur encore intacts à l’époque (ça m’a fait une impression fort étrange de voir cela « en vrai », en couleur), des vendeurs de rue, des scènes de marchés, des comédiens mendiants, des clochards, des lieux peu connus… Le tout enveloppé dans une mise en scène parfois réaliste, parfois surréaliste, parfois drôle, parfois dure. Londres années 60, pour de bon, sous mes yeux — fascinant. Un voyage dans le temps. Seul regret: la brièveté du film.
#1832
Toujours occupé, toujours maussade, marre de ce début d’année plein de tracas — mais le temps redevient beau, du soleil ces derniers jours pour remettre du baume au coeur. En fin de journée, aujourd’hui, un ciel véritablement splendide. Moment précieux de contemplation.
L’autre matin j’ai rêvé que je vivais dans mon appartement comme d’hab, mais… une belle lumière bleutée coulait par la fenêtre du salon, éclatante, et lorsque je suis allé admirer le paysage c’est celui de Paris qui s’étalait devant mes yeux, soudain mon appart avait été transporté sur les Buttes Chaumont. I wish.