Ooooh, un jour de la Saint André tout blanc! Ça neige à gros flocons. Ce qui est bien, c’est que ne vivant pas dans un pays froid, genre Québec et autres lieux enneigés banalement, je ne suis vraiment pas blasé par la neige. Bien au contraire, je suis comme un petit enfant — j’en ai d’ailleurs vu un tout à l’heure, il se tenait plaqué contre le verre de la vitrine d’un restaurant, regardant au-dehors bouchée bée. Minus comme il était, c’était peut-être bien la première fois qu’il voyait la neige tomber. Et moi, rentrant chez moi après un rendez-vous en ville, de m’exclamer « Wahou trop bien ! » en voyant l’effet véritablement superbe des flocons illuminés par les projecteurs de la grue du chantier d’à côté.
Archives mensuelles : novembre 2010
#1955
Ces derniers temps, j’ai replongé dans la fantasy urbaine. Assurément, c’est là un vieil amour pour moi — Julien m’a montré l’autre jour, à mon grand amusement, que la fiche Wikipédia française sur le genre me citait plusieurs fois. Mais il y a des hasards, aussi: celui qui fit que Bruno m’a conseillé de regarder un film indé américain, Ink, au moment où je lisais, aiguillé par Charles de Lint, les romans de Kate Griffin chez Orbit (A Madness of Angels et The Midnight Mayor). Je venais déjà de lire Rosemary and Rue, premier d’une série mêlant de nos jours à San Francisco polar et féerie (fantasy urbaine, donc), par Seanan McGuire. Et puis, j’ai découvert toujours par hasard les deux téléfilms australiens de 2009 Alice. Positivement brillants! et totalement fantasy urbaine, puisqu’une jeune femme prénommée Alice passe par accident dans le Pays des merveilles… mais que celui-ci ne s’est pas figé dans le dix-neuvième siècle, il a évolué et, en notre vingt-et-unième siècle, le Wonderland a lui aussi des gratte-ciel, de l’électricité, du design, des engins…
Est-il besoin de préciser que j’ai adoré tant Ink que Alice? Le premier est de fait le premier cas que je rencontre de véritable fantasy urbaine à l’écran, dans une esthétique parfaite retranscrite — jusqu’au côté souvent un peu « clinquant » du genre, dans ses effets de nuit, de reflets au néon, de brouillards, etc. Il y a, depuis longtemps, une vraie esthétique de la FU et la voir bouger sur écran m’enchante et me fascine.
Sur son blog, un boss d’Orbit US (Tim Holman) déclare que « Much of the discussion concerning the general state of the SFF market tends to ignore urban fantasy. However, remove urban fantasy from the current SFF bestseller charts, and they collapse. Most of the bestselling authors disappear; many of the most successful new authors launched over recent years disappear; many of the authors with most rapidly growing sales disappear. Remove urban fantasy and a very different picture emerges of the state of the SFF market. » Voilà qui est rafraichissant! Mais en réalité, il englobe majoritairement dans ce mouvement ce qu’en France l’on nomme la « bit-lit » (généralement nommée paranormal romance en américain). N’empêche qu’aux marges, il émerge dans toute cette production populaire anglophone une belle part de « véritable » fantasy urbaine, et de plus en plus, au fur et à mesure que pour étendre le phénomène bit-lit les auteurs recherchent de nouveaux angles d’attaque, des cadres narratifs allant au-delà de la tueuse de vampires. Les éditeurs français n’ont pas encore pris la portée de toutes ces évolutions — seul Eclipse prend d’emblée la totalité des courants populaires actuels en considération, et je trouve ça très intéressant. Mouvements à suivre.
#1954
Ce n’est pas logique: bien entendu, je suis content chaque fois que je publie un livre, mais celui-ci me fait un effet autre, je ne sais pas, il me touche encore plus que d’habitude. Celui-ci? Le Garçon doré. Un tout petit recueil de nouvelles, que je viens de sortir chez la Clef d’Argent, un micro-éditeur spécialisé en fantastique. Eh oui, des nouvelles de fantastiques, écrites par moi. Ou bien, peut-être peut-on les définir comme étant de la fantasy urbaine? Whatever. Ces nouvelles, elles appartiennent en quelque sorte à mes anciennes vies… Je les ai écrites à différentes périodes de mon existence: quand j’étais étudiant, puis ensuite, mais depuis que je suis devenu le berger des moutons électriques, je n’ai plus eu le temps, l’envie, l’occasion, d’en écrire…
Ce sont pourtant ce que j’ai fait de plus personnel, de plus étroitement lié à mes émotions et souvenirs. D’où bien sûr le fait que cette publication me touche tellement. Relire les épreuves du recueil a réveillé en moi plein de choses, des sentiments fugaces saisis sur le papier, des petites lueurs émotionnelles. Il y a huit nouvelles au sommaire du Garçon doré. Certaines furent publiées en revues, d’autres furent acceptées mais ne parurent pas, d’autres restèrent dans mes tiroirs, l’une aussi fut nominée à un prix Rosny aîné…
Et puis j’ai un peu oublié ces nouvelles, suis passé à d’autres choses. Jusqu’au jour où, découvrant le recueil de Timothée Rey dont Sébastien Hayez venait de faire la couverture, je découvris un auteur, mais aussi un possible support pour le recueil dont je rêvais vaguement depuis si longtemps… Et Philippe Gindre d’accepter tout de suite, et de porter à ces textes un regard perçant de directeur littéraire. Merci à lui. Le Garçon doré paraît officiellement demain, vous pouvez le commander. C’est un tout petit livre mais qui m’est fort précieux.
#1953
Triste de la mort d’un éminent collègue blogueur, Francis Grossmann de Ciscoblog, que j’avais rencontré « en vrai » il y a très très longtemps.
Heureux du prix Utopiales que vient de recevoir mon ami Ugo Bellagamba pour sa très belle uchronie des croisades Tancrède, que j’ai publié dans ma collection la « Bibliothèque voltaïque » — ex-aequo avec un autre ami, Vincent Gessler pour son également splendide Cygnis, paru aux éditions de la concurrence (comme on dit chez Spirou).
#1952
Concert hier soir à la Marquise, une péniche sur le Rhône où je suis déjà allé plusieurs fois. Première partie, We Need Eleonor, un groupe lyonnais bien typique du revival Eighties actuel, au point que leur premier morceau évoque The Factory sur le refrain de « twenty four hour party people »… Le ton est donné: pour les djeun’s actuels, les Eighties sont la principale saveur nostalgique du jour. Ce qui ne lasse pas de m’étonner, puisqu’ayant été étudiant durant ces fameuses Eighties, je n’en avais pas spécialement apprécié les sons, les tendances, le diktat du clinquant et du sautillant, agressivité et superficialité… Et pourtant, malgré des sentiments fort ambivalents vis-à-vis de cette époque, je me surprends de nos jours à apprécier par exemple Foals, Interpol ou Good Shoes, des groupes marqués par ce revival. Comme si le recul et la réinterprétation valaient mieux que l’original, en ce domaine. Alors bien agréable, ces lyonnais avec leur chanteur à voix grave et leur guitare acide.
Mais la raison de la présence du vieux moi à ce concert, c’était ensuite: French Kitch. Un groupe de jeunes gens à peine majeurs, venus de St-Etienne. Et pourquoi m’intéresser à la musique sautillante et enjouée de ces mômes, me direz-vous? Parce que le batteur est Alain Girardot, fils du scénariste du strip « Le chat de Schrödinger » dans Fiction, vous savez, monsieur Jean-Jacques Girardot. Alors le jeuniste que je suis incurablement n’a pas résisté au plaisir de voir jouer Frenck Kitch, avec une si belle énergie, pour leur premier concert lyonnais en vedettes, et comme leur deuxième E.P. venait de sortir. Chouette soirée.