#2215

Londres encore et toujours (2)

Je me disais ce matin qu’il y avait longtemps que je n’avais plus vu Londres dans une si belle lumière. Économies obligent, je viens généralement en plein hiver, genre janvier/février, quand ce n’est pas décembre comme la fois dernière. Ce qui signifie des ciels très bas, très gris, relativement peu de lumière, la nuit tôt et du froid… Tandis que ce matin, la température était délicieusement douce et le ciel très très bleu, Londres baignait donc dans une lumière claire, limpide, faisant vibrer les rouges de la brique et donnant à tout des contours parfaits, très nets. L’image de la ville (et l’impression que j’en ai, ce qui se confond) s’en trouve donc passablement changée: plus éveillée, plus tonique, plus colorée. 
Matinée à flâner à la librairie Foyles (sans rien acheter, je suis fauché bien sûr), puis à me promener dans Soho, ce que je n’avais pas réellement fait depuis longtemps — le prétexte étant d’aller à la nouvelle adresse de Gosh, l’excellente librairie de comics, mais je l’ai trouvée immédiatement et trouvé un grand plaisir à redécouvrir toutes ces petites rues. Suis aussi allé au pied de la tour télécom, puis fais un petit tour de l’université, enfin bref, une très agréable promenade. 
J’ai ensuite rejoint mes deux aventuriers chez l’ami qui les loge, tout près de mon hôtel (dans le quartier de Kings Cross) et nous avons filé pour une première journée sur les traces de Dracula: Hyde Park, Piccadilly, Charing Cross, le Lyceum, Covent Garden, retour à Knightsbridge, Berkeley Square… Avec pas mal de piétinements et d’allers-retours, d’interrogations sur la « vraie » adresse du comte sur Piccadilly. Comme d’habitude la ville est pour moi littérature, ainsi le Junior Constitutional Club, qui se trouvait depuis 1887 au 101 Piccadilly m’évoque PG Wodehouse et les Drones, tandis que le bel immeuble à côté, le 100 Piccadilly, demeure dans mon esprit l’adresse du détective lord Peter Wimsey… Londres est surtout traces de littérature, ainsi. Des vies littéraires réelles ou fictives, dont témoignent de loin en loin des « plaques bleues », et tout le travail de recherche lié à la Bibliothèque rouge. Je reconnais avoir également une sorte de fantasme de connaissance complète de la ville — chose impossible bien sûr, et c’est tant mieux car il me reste donc une infinité de nouvelles choses à découvrir, mais j’éprouve le besoin de maîtriser ce territoire, la littérature étant l’un des moyens de connaissance de la ville qui me permets d’en obtenir une image. D’où mon nouveau souci de passer par d’autres endroits, de changer mes habitudes de trajet: étendre le champ de mes connaissances sur Londres, par conséquent.